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Vous nous avez dit que vous avez contribué à l'élaboration du premier dictionnaire médical
arabe uni�ié. Pensez-vous qu'il reste encore une place pour la langue arabe dans les études
médicales ?
Bien sûr qu'il reste de la place. En Syrie, par exemple, la médecine est enseignée en arabe depuis 1919
de façon complète dans toutes ses spécialités sans aucun problème. Lorsque les pays arabes étaient sous
domination ottomane, la médecine dans le monde arabe se faisait en turque alors que la terminologie était
essentiellement arabe. C'est donc après dislocation de l'empire ottoman que l'enseignement de toutes les
sciences a été changé vers l’arabe. En 1987 a été fondé l'organisme interarabe de formation en spécialité
médicale, j'ai fait partie de l’institution qui l'a créée au Koweı̈t. Cette institution formait des spécialistes en
leur donnant le choix entre les 3 langues : arabe, français et anglais. Et ceci continue de se faire jusqu'à
aujourd’hui. Le problème de l'enseignement n'a donc pas lieu d'être. Et c'est pour cela que nous avons
travaillé sur un dictionnaire pour uni�ier la terminologie arabe. Ici en Algérie, en 1987, le ministère de
l'enseignement supérieur a formé une commission nationale pour arabiser toutes les sciences en 10 ans. Je
fus président d'une des 3 commissions secondaires, en particulier la commission de programmation et de
plani�ication qui devait préparer les universités algériennes à l'arabisation avant 1997. Mais ce programme
a été avorté pour raisons inconnues.
Vous qui avez longtemps exercé au sein de notre système de santé, quel constat dresseriez-vous
de son état actuel ? Et quels conseils donneriez-vous aux générations futures visant à son
amélioration ?
Je ne peux pas dresser un constat car je n'ai pas de vision globale. Mais ce que je ressens, ce que je vois,
c'est qu'il y a un développement considérable du secteur privé et une stagnation et incomplétude du
système publique. On constate que les besoins médicaux s'adressant au secteur publique sont adressés au
secteur privé. Le public devrait viser les tranches de la société un peu plus démunies, mais on constate que
certains examens et opérations chirurgicales sont orientés vers le secteur privé malgré leur coût excessif,
souvent à l'instigation des médecins dans les hôpitaux. Autre point : il est inacceptable que certains
produits et médicaments indispensables ne soient pas produits localement. La recherche devrait être
orientée vers l'autosuf�isance qui seule pourra garantir la stabilité.
Je constate également que l'économie de santé est pratiquement absente dans les pratiques dont j'ai eu à
constater les expressions ; que ce soit dans la demande des examens complémentaires ou dans la rédaction
des ordonnances. Et étant donné que la santé n’a pas de prix mais que la maladie a un coût, il faut réduire
au maximum ces dépenses.
Quelles sont selon vous les règles de base d'une bonne pédagogie ?
D'abord, la bonne assimilation du locuteur. C'est-à-dire que l'enseignant connaisse d'abord les moyens
et outils ef�icaces de l'enseignement. Il faut convenir que l'étudiant algérien, lors de son arrivée à
l'université, a une formation plutôt livresque et théorique aux dépends de la pratique, ce qui induit une
faiblesse dans l'aptitude à assimiler ce qui va lui être inculqué par la suite. D'autre part, l'ef�icacité de la
pédagogie médicale est liée à la base sur laquelle elle va agir, et cette base ne peut être améliorée que par le
développement de la culture scienti�ique de base. Et pour ce qui est de la pédagogie concrètement, on dit
que la meilleure manière d'assimiler un livre est d'abord de commencer à l'écrire. L'étudiant doit alors
connaı̂tre la signi�ication exacte de chaque terme qu'il apprend au lieu de l'emmagasiner.
Pourriez-vous citer 5 livres incontournables que l'étudiant en médecine se doit de lire ?
Cicéron avait dit : « il nous faut étudier que les meilleurs spécimens d’ouvrages »… Les ouvrages
changent d'époque en époque, et de matière à une autre. Il nous est donc impossible de donner les titres
d'ouvrages qui seront des valeurs permanentes. Néanmoins, je pourrais citer certains livres comme “le
diagnostic urgent des abdomens aigus” Henry Mondor, ou encore “6 leçons d’introduction à la médecine”
du Pr. Péquiniaud.
Un dernier mot pour nos lecteurs…
Je pense que l'étudiant en médecine peut être guidé dans sa recherche du savoir pour être plus
compétent, pour agir en toute conscience, que le premier principe de l'acte médicale est d'abord de ne pas
nuire. Selon l'adage latin primum non nocere. Autre point, c'est d'être ef�icace avec conscience et
compétence a�in de mériter et maintenir la con�iance du malade. Car comme disait le 1er président de
l'ordre des médecins français : la médecine est une harmonie entre les 3 C ; une con�iance qui s'oriente vers
une compétence dans une conscience.
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