ReMed Magazine
Sciences de la Santé
LE PROFESSEUR SAID
CHIBANE ECLAIRE
NOTRE LANTERNE
Biographie :
Le Pr Said Chibane est né à Chorfa
(Bouira), en 1925, d'une famille
d'agriculteurs au pied du Djurdjura. Il
fait ses premiers pas à la mosquée de
Chorfa, puis fréquente l'école primaire
pour indigènes de Ouled Brahim où il
obtient
son
certi�icat
d'études
primaires. Il rejoint ensuite le lycée de
Benaknoun (Alger) où, après des études
perturbées par les évènements du 8 Mai
1945, il obtient le Baccalauréat en
1946. Il se dirige ensuite vers la Faculté
de médecine d'Alger où il sera pris par
les activités du PPA. Il part ensuite
terminer ses études au sein de la
Faculté de médecine de Strasbourg.
C'est alors qu'il représenta la jeunesse
Algérienne au cours du 1er congrès des
étudiants arabes à Paris. Il obtient son
diplôme d'ophtalmologue en 1959
après avoir soutenu une thèse sur la
biochimie du cristallin ; thèse qui sera
retardée par la grève générale des
étudiants. À son retour en Algérie en
Mai 1962, il sera envoyé vers l'hôpital
de Tizi-ouzou où il drainera
pratiquement seul la consultation en
ophtalmologie de toute la kabylie. En
1974, il sera nommé chef de service
d'ophtalmologie à l'hôpital Mustapha,
poste qu'il occupera jusqu'en 1993. En
outre, il a occupé plusieurs postes dont
président du secours national Algérien,
ministre des affaires religieuses, et
membre de la commission arabe
chargée par l'OMS de l'élaboration du
dictionnaire arabe uni�ié qui a eu pour
but d'uni�ier la nomenclature arabe des
termes médicaux.
A R S L A N A L L O U A C H E
Qu'est-ce qui vous a amené à pratiquer la médecine ?
Je me suis orienté vers la médecine au moment où je �inissais mes études secondaires.
Les Algériens munis d'un baccalauréat scienti�ique s'orientaient principalement vers
les sciences médicales car l'accès à l'école polytechnique requérait la nationalité
française. D'autre part, on souffrait en Algérie d'un grand manque de médecins et je
voulais donc pallier à ce besoin.
Selon vous, quel est le lien entre spiritualité et médecine ? Sont-elles vraiment
indissociables ?
Objectivement, la santé est dé�inie par l'OMS comme un état de bien-être mental,
physique et social. Et la spiritualité fait partie intégrante de l'humanité. Notre
humanité n'est donc pas uniquement faite de ce que nous pouvons ressentir mais
également ce à quoi nous pouvons tendre. Et la médecine, lorsqu'elle traite de
phénomènes psychosomatiques, intègre dans le psyché ce que les spiritualistes et
religieux intègrent.
Vous qui avez longtemps prôné une redécouverte de notre patrimoine culturel
et scienti�ique, pensez-vous que la médecine moderne puisse pro�iter d'une
médecine traditionnelle rendue désuète par les avancées scienti�iques ?
La médecine traditionnelle, qui est une médecine transmise par les générations en
dehors de l'enseignement, est d'une part basée sur des observations et des
expériences personnelles, d'autre part, sa transmission s'est faite sur la base du
symptôme. Il est donc très dif�icile de ne pas souligner la différence fondamentale
entre l'appellation de la maladie et du symptôme. Quand on dit qu'un produit est
valable pour tel symptôme, il faudrait d'abord connaı̂tre la maladie qui l'a causée.
Mais indéniablement, cette médecine a permis de répondre à un certain besoin et de
soulager certaines faiblesses de son époque. Cependant elle ne sera valorisée que
dans la mesure où les observations et expériences sont reprises en main par les
scienti�iques. Par ailleurs, beaucoup d'anticancéreux, antipaludéens et plusieurs
substances actives ont été découvertes par suite d'observations faites sur la base de
la médecine traditionnelle sur le plan international. Néanmoins, la toxicité et l'utilité
de la plante doit d'abord être revue. Et c'est dans cette optique que certaines
publications de l'OMS ont lieu. Par exemple, le chardon à glu est une plante ayant des
effets nocifs pour le foie et cause une hépatolyse.
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