ReMed 2016 ReMed Magazine N°1 - Nervous System | Page 28

ReMed Magazine Sciences de la Santé LE PROFESSEUR SAID CHIBANE ECLAIRE NOTRE LANTERNE Biographie : Le Pr Said Chibane est né à Chorfa (Bouira), en 1925, d'une famille d'agriculteurs au pied du Djurdjura. Il fait ses premiers pas à la mosquée de Chorfa, puis fréquente l'école primaire pour indigènes de Ouled Brahim où il obtient son certi�icat d'études primaires. Il rejoint ensuite le lycée de Benaknoun (Alger) où, après des études perturbées par les évènements du 8 Mai 1945, il obtient le Baccalauréat en 1946. Il se dirige ensuite vers la Faculté de médecine d'Alger où il sera pris par les activités du PPA. Il part ensuite terminer ses études au sein de la Faculté de médecine de Strasbourg. C'est alors qu'il représenta la jeunesse Algérienne au cours du 1er congrès des étudiants arabes à Paris. Il obtient son diplôme d'ophtalmologue en 1959 après avoir soutenu une thèse sur la biochimie du cristallin ; thèse qui sera retardée par la grève générale des étudiants. À son retour en Algérie en Mai 1962, il sera envoyé vers l'hôpital de Tizi-ouzou où il drainera pratiquement seul la consultation en ophtalmologie de toute la kabylie. En 1974, il sera nommé chef de service d'ophtalmologie à l'hôpital Mustapha, poste qu'il occupera jusqu'en 1993. En outre, il a occupé plusieurs postes dont président du secours national Algérien, ministre des affaires religieuses, et membre de la commission arabe chargée par l'OMS de l'élaboration du dictionnaire arabe uni�ié qui a eu pour but d'uni�ier la nomenclature arabe des termes médicaux. A R S L A N A L L O U A C H E Qu'est-ce qui vous a amené à pratiquer la médecine ? Je me suis orienté vers la médecine au moment où je �inissais mes études secondaires. Les Algériens munis d'un baccalauréat scienti�ique s'orientaient principalement vers les sciences médicales car l'accès à l'école polytechnique requérait la nationalité française. D'autre part, on souffrait en Algérie d'un grand manque de médecins et je voulais donc pallier à ce besoin. Selon vous, quel est le lien entre spiritualité et médecine ? Sont-elles vraiment indissociables ? Objectivement, la santé est dé�inie par l'OMS comme un état de bien-être mental, physique et social. Et la spiritualité fait partie intégrante de l'humanité. Notre humanité n'est donc pas uniquement faite de ce que nous pouvons ressentir mais également ce à quoi nous pouvons tendre. Et la médecine, lorsqu'elle traite de phénomènes psychosomatiques, intègre dans le psyché ce que les spiritualistes et religieux intègrent. Vous qui avez longtemps prôné une redécouverte de notre patrimoine culturel et scienti�ique, pensez-vous que la médecine moderne puisse pro�iter d'une médecine traditionnelle rendue désuète par les avancées scienti�iques ? La médecine traditionnelle, qui est une médecine transmise par les générations en dehors de l'enseignement, est d'une part basée sur des observations et des expériences personnelles, d'autre part, sa transmission s'est faite sur la base du symptôme. Il est donc très dif�icile de ne pas souligner la différence fondamentale entre l'appellation de la maladie et du symptôme. Quand on dit qu'un produit est valable pour tel symptôme, il faudrait d'abord connaı̂tre la maladie qui l'a causée. Mais indéniablement, cette médecine a permis de répondre à un certain besoin et de soulager certaines faiblesses de son époque. Cependant elle ne sera valorisée que dans la mesure où les observations et expériences sont reprises en main par les scienti�iques. Par ailleurs, beaucoup d'anticancéreux, antipaludéens et plusieurs substances actives ont été découvertes par suite d'observations faites sur la base de la médecine traditionnelle sur le plan international. Néanmoins, la toxicité et l'utilité de la plante doit d'abord être revue. Et c'est dans cette optique que certaines publications de l'OMS ont lieu. Par exemple, le chardon à glu est une plante ayant des effets nocifs pour le foie et cause une hépatolyse. 27