ReMed 2016 ReMed Magazine N°1 - Nervous System | Page 25

L’inhibition tonique exercée par la zone émettrice (GPi+SNr) sur le thalamus est modulée par la voie directe au détriment de cette inhibition, et par la voie indirecte en faveur de celle-ci. L’in�lux dopaminergique, provenant de la SNc mésencéphalique, induit l’activation à la fois des récepteurs D1 excitateurs, renforçant l’action de la voie directe, et des récepteurs D2 inhibiteurs, diminuant l’action de la voie indirecte. De ce fait, le rôle de la dopamine est de diminuer l’activité tonique inhibitrice exercée par la zone émettrice des noyaux de la base sur le cortex cérébrale. En son absence, la voie indirecte prend le dessus sur la voie directe en accentuant l’activité tonique inhibitrice culminant en une moindre excitation thalamo-corticale. C’est exactement ce qui se passe dans la maladie de Parkinson, ce qui se traduit par un ralentissement moteur. - Mais ce n’est pas tout ! Ceci est le modèle physiopathologique classique évoqué pour expliquer la symptomatologie et relier les données anatomopathologique –qui retrouvent constamment cette dégénérescence au niveau de la SNc- aux données cliniques. Cependant, ce modèle ne serait qu’une simpli�ication d’un fonctionnement qui est en fait encore plus compliqué. S’il arrive à expliquer la bradykinésie, ce modèle n’expliquerait pas la rigidité, le tremblement ou la vaste symptomatologie cognitive et psychiatrique observée au cours de la maladie de Parkinson, ni rend-t-il compte de la complexité des circuits des GdB. - D’autres explications ! Les corps de Lewy, structures anatomopathologiques caractéristiques de la maladie de Parkinson, seraient observés ailleurs que dans la SNc, au niveau du système nerveux central et périphérique. Des travaux ont montré que ces corps progressent du tube digestif vers le noyau dorsal du vague et le bulbe olfactif pour atteindre ensuite la SNc, les amygdales et de multiples régions corticales. Ceci induirait la dégénérescence d’une vaste catégorie de neurones cholinergiques, sérotoninergiques et noradrénergiques. Il y a une évidence de l’implication du cervelet dans le tremblement parkinsonien ainsi que l’altération dans l’activité de certaines boucles cérébello-thalamo-corticales. La rigidité serait due à l’altération des in�lux sensoriels et un changement des propriétés passives des articulations, tendons et muscles ainsi qu’une accentuation du ré�lexe d’étirement en raison d’un dysfonctionnement au niveau spinal. Les anomalies de la posture seraient dues à un dysfonctionnement dans certains noyaux du tronc cérébral. Quant aux symptômes non moteurs qui peuvent apparaitre à n’importe quel moment de l’évolution de la maladie compliquant le pronostic, ils seraient dus à la dégénérescence neuronale diffuse. Les troubles autonomes, par exemple, seraient dus à la dégénérescence des neurones post-ganglionnaires périphériques. En effet, constipation, hypotension orthostatique et dysfonctions sexuelle et urinaire sont fréquentes chez les Parkinsoniens, et constituent une source majeure de plaintes. - Sachons donc… On ne peut plus penser que la maladie de Parkinson soit un simple désordre moteur strictement dopaminergique mais plutôt une maladie dégénérative multi-systémique atteignant tout l’organisme. Pourquoi ? Question demeurant sans réponse… On assimile la recherche étiologique de la maladie de Parkinson au fait d’essayer de construire un puzzle de 5000 pièces alors que personne ne nous ait donné l’image… Les chercheurs ont pendant longtemps essayé de répondre au mystère de l’origine de la maladie de parkinson. Au début, l’origine génétique avait été écartée du fait de l’observation que des vrais jumeaux ne manifestaient pas une probabilité similaire d’avoir la maladie. L’intérêt s’est penché ensuite vers l’origine environnementale. Il a été observé que l’injection de MPTP (-1méthyl-4-phényl-1,2,3,6-tétrahydropyridine), « une substance utilisée par certains toxicomanes » induisait chez eux un syndrome parkinsonien avec présence des corps de Lewy. Cette substance interférerait avec l’activité mitochondriale des cellules et causerait leur mort. Certains toxiques, particulièrement les pesticides, ont une action similaire. Cependant, ces dernières années, on revient à l’hypothèse génétique après qu’on ait observé certains cas rares de Parkinson familial. En effet, certaines mutations d’une protéine nommée « alpha-synucléine » en serait la cause. Cette protéine dont la fonction est controversée, est observée dans les inclusions qui constituent les corps de Lewy. Les mutations causant une anomalie dans sa dégradation, un excès de sa synthèse ou son repliement défectueux, induiraient un parkinsonisme. 24