Reesor Mars 2014 | Page 2

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REESOR

Photo de : ghosttownpix.com

La route 11 qui relie les villes de Kapuskasing et Hearst offre à ceux qui la parcourent un paysage rural bordé tantôt de villages, tantôt de forêts. Cette toile de fond cache toutefois de grands secrets historiques, un passé pas si lointain qui ne doit pas être oublié. C’est le cas des villages disparus, ces communautés fondatrices qui ont marqué l’histoire du Nord de l’Ontario.

Au milieu de nulle part, on remarque une enseigne, un chemin, un monument, un cimetière, mais sans plus. Qu’est ce que c’est? Le temps d’une question et déjà on oublie; on n’y est plus. Nul besoin de réponse. Pourtant, l’explication est étonnante et ne demande qu’à être partagée. C’est l’histoire d’un groupe avec de grands espoirs et une détermination inébranlable qui, sur cette route, au milieu des années 1920, a fondé une communauté appelée Reesor.

CONTEXTE

La Première Guerre mondiale a laissé ses traces à l’intérieur du Canada, mais depuis sa fin, le pays jouit d’une relance économique. Le gouvernement fédéral et le gouvernement ontarien investissent dans le développement du territoire et encouragent l’exploitation des ressources minérales et forestières.

Durant cette période, la Russie vit une grande révolution. À la tête des bolcheviks, Lénine s’empare du pouvoir et impose un régime communisme à l’ensemble du territoire de l’ancien Empire russe. En Ukraine, des communautés mennonites, pour la plupart agricultrices et commerçantes se sont vues enlever leur terre, leurs avoirs et, trop souvent, leur vie. Ces gens qui, jusque-là, jouissent d'une grande prospérité doivent maintenant quitter leur terre natale, ce qui engendre une nouvelle vague d’immigration vers le Canada, et c’est ainsi que, dès 1923, des centaines de familles mennonites débarquent dans ce pays. Avec l’aide du Canadien Pacifique, elles rejoignent des colonies déjà installées dans différentes régions du sud de l’Ontario et du Manitoba. Malgré leur soulagement d’avoir fui la révolte communiste, le fait de se retrouver dans des régions où l’industrie et l’agriculture se côtoient de près et où les contraintes imposées par le gouvernement restreignent leur capacité d’autonomie, en laissent plusieurs dans l’insécurité.