Rapport annuel Compagnons du Devoir 2019 | Page 21
ENTRETIEN
UNE AVENTURE PROFESSIONNELLE, APPRENDRE CULTURELLE ET FORMER AUTREMENT
ET HUMAINE / 21
RÉFORME DE L’APPRENTISSAGE :
PREMIER BILAN
La réforme de l’apprentissage contenue dans la « loi pour la liberté
de choisir son avenir professionnel » à laquelle les Compagnons du Devoir
ont fortement contribué, est entrée dans sa phase opérationnelle
le 1 er janvier 2019. Jean-Claude Bellanger en dresse un premier bilan.
Quel bilan tirez-vous de la réforme
de l’apprentissage après un an
d’application ?
J-C. B. : Nous en sommes très satisfaits
! L’esprit de cette loi, qui garantit
à la fois l’autonomie des centres de formation
et un apprentissage de qualité
aux jeunes, nous correspond tout à fait.
Le marché devient plus concurrentiel
mais aussi plus transparent, puisque
les CFA doivent prouver leur efficacité.
Or, nous avons plusieurs atouts à
mettre en valeur : de très bons taux d’intégration
et de réussite, et surtout un modèle différenciant
fondé sur le voyage et le vivre-ensemble. Ainsi,
en 2019, le nombre de nos apprentis a augmenté
de 38 %, pour une croissance nationale de 16 % !
Comment les Compagnons du Devoir se sont-ils
adaptés à cette réforme ?
J-C. B. : La réforme pousse à répondre aux besoins
territoriaux, et c’est ce que nous avons fait en commandant
à la junior entreprise de l’Essec une étude
sur les tissus économiques de nos régions. Elle nous
a permis d’une part de quantifier les besoins en
fonction des départs à la retraite et des dynamiques
Jean-Claude
Bellanger,
secrétaire général de
l’Association ouvrière
des Compagnons du
Devoir et du Tour de
France, charpentier
économiques locales, d’autre part
d’identifier les nouveaux métiers et
compétences attendus. Nous avons
ainsi pu cibler nos offres et orienter
notre communication sur les métiers en
tension et d’avenir.
Voyez-vous des écueils ou points de
vigilance pour l’avenir ?
J-C. B. : Le principe du coût-contrat,
qui garantit le financement de la formation
d’un jeune dès lors qu’il signe
un contrat avec une entreprise, est une très bonne
chose. Cependant, aujourd’hui, le montant du
financement est corrélé à la durée du contrat : si un
jeune signe un contrat de 10 mois en entreprise et
qu’il accomplit l’intégralité de sa formation sur cette
période, seuls ces 10 mois seront financés au
lieu des 12 prévus, alors que le CFA aura assumé
l’intégralité des frais nécessaires.
Par ailleurs, il faut veiller à ce que les opérateurs
de compétences (OPCO) ne complexifient pas les
démarches de financement en ajoutant chacun des
critères différents. Car la simplification du processus
de financement fait partie des grandes qualités de
cette réforme.
Les Compagnons du Devoir et du Tour de France