Rapport annuel 2023 Compagnons du Devoir | Page 19

LA COMMUNAUTÉ ET LE VOYAGE / 19

ON S ’ ENTRAIDE TOUS POUR QUE CHACUN PUISSE DONNER LE MEILLEUR DE LUI-MÊME .

Léandre Pélissier
Comment les liens entre jeunes et anciens s ’ expriment-ils ? Que transmettez-vous vous-mêmes à celles et ceux qui arrivent ?
L . P . : Que l ’ on ait 16 ou 70 ans , ce qui nous rassemble , c ’ est le compagnonnage justement . Même si l ’ expérience est différente selon l ’ âge , on a une vie et des envies en commun . Je raconte volontiers aux jeunes mon Tour de France , avec ses galères comme ses meilleurs côtés . J ’ encourage toutes celles et ceux qui en ont l ’ envie à se lancer . P . F . : Il y a les causeries dans les maisons qui permettent de transmettre les valeurs et principes du compagnonnage . C ’ est très bien que ça existe , mais moi , je préfère être dans le concret : ma maison est un point d ’ accueil pour les jeunes . Ils peuvent venir y partager un repas ou passer du temps un dimanche pluvieux pour se reposer , discuter ou jouer aves mes enfants qui ont deux et quatre ans . Ils participent à la vie communautaire eux aussi . Ils connaissent tout le monde et tout le monde les connaît ! D ’ ailleurs , c ’ est ce que je dis aux jeunes quand ils arrivent à Besançon : je leur annonce
que je vais les former à un métier , leur parler de mon Tour de France et qu ’ ils vont connaître mes enfants . C ’ est aussi une manière de leur montrer que je suis à la fois une Compagnon , une femme Compagnon et une mère , donc que tout est possible .
Cette communauté laisse-t-elle de la place aux relations à l ’ extérieur ?
L . P . : Oui , car la vie dans l ’ entreprise et les liens qui s ’ y créent sont une fenêtre vers l ’ extérieur . Je trouve que le sport est aussi un bon moyen de prendre des respirations . P . F . : À mon époque , c ' était différent , j ’ avais dû arrêter l ’ athlétisme alors que j ’ avais un très bon niveau . Je trouve important que les jeunes aujourd ' hui trouvent le temps de faire du sport . Plus globalement , je leur recommande de s ' enrichir culturellement de la ville où ils et elles sont affectés , d ' y rencontrer la population locale , avec ses traditions . C ' est en partie ce qui rend le Tour de France joyeux .
Comment l ’ esprit communautaire perdure-t-il dans le temps , notamment une fois que l ’ on est sédentaire ?
P . F . : J ’ entends parfois dire que les anciens ne sont pas assez présents . Je réponds qu ’ il faut aussi leur laisser le temps de construire leur vie — leur couple , leur famille , leur entreprise parfois — et qu ’ ils reviendront . Pour ma part , je suis partie quatre ans à l ’ étranger , à Nouméa , puis suis revenue en France . Depuis mon retour , je suis très disponible pour la communauté , par choix et parce que ma vie le permet . Quand il est fait avec le cœur , l ’ engagement compagnonnique est pérenne .
Les Compagnons du Devoir et du Tour de France