16 /
PORTRAIT
Sébastien Gagnot , Compagnon tailleur de pierre
Sébastien Gagnot a déjà 21 ans et une première formation dans les métiers de bouche qui ne lui correspondent finalement pas , lorsqu ’ il entre en formation chez les Compagnons du Devoir et du Tour de France , pour devenir tailleur de pierre . Une activité qu ’ il a découverte en discutant à Nantes avec des Compagnons : « Je pouvais enfin mettre un nom sur un métier qui me permette de concilier mon intérêt pour l ’ histoire médiévale et mon envie de faire quelque chose de mes mains », explique-t-il . Le jeune homme intègre la maison d ’ Angers en 2017 et commence par un CAP en deux ans . Il redoute la vie en communauté qui ne correspond a priori pas à son tempérament . C ’ est d ’ autant plus difficile qu ’ il a « l ’ âge et les connaissances culturelles des itinérants , mais ni leurs codes ni leur expérience ». Malgré tout , entre la découverte d ’ un métier qui le passionne et le goût du voyage , il décide très vite d ’ aller jusqu ’ au bout . C ’ est ainsi que Sébastien est adopté le 2 février 2019 . Un moment teinté d ’ émotion et de gratitude : « C ’ est un soulagement , nos efforts sont reconnus et récompensés . Je le vois
UN MÉTIER QUI ME PERMETTE DE CONCILIER MON INTÉRÊT POUR L ’ HISTOIRE MÉDIÉVALE ET MON ENVIE DE FAIRE QUELQUE CHOSE DE MES MAINS .
comme une étape clé entre l ’ état adolescent et celui d ’ adulte . » Ce sentiment de mûrir en chemin l ’ accompagne sur son Tour de France : Chinon , Salon-de-Provence , puis l ’ Irlande en 2021 . Lui qui « a peur de la monotonie et du train-train » s ’ épanouit dans le voyage . À son retour en France , dans une campagne du Doubs , il intègre une entreprise qui lui donne des responsabilités , ce qui lui permet de gagner en confiance . Son intuition sur le lien entre son métier et l ’ histoire s ’ est depuis longtemps confirmée : « J ’ ai compris beaucoup de choses sur l ’ architecture qui est ce qui nous reste du passé . » C ’ est à Rodez , dans l ’ Aveyron , le 23 avril 2024 que Sébastien sera reçu Compagnon : « Il y a des similitudes avec l ’ Adoption mais en plus puissant et plus marquant encore . On prend conscience de notre engagement . » Pour lui , en effet , devenir Compagnon n ’ est pas une finalité mais bien une étape de plus : « Ce n ’ est pas un diplôme ou un titre honorifique . Il s ’ agit d ’ entrer dans un état de personne adulte et libre qui s ’ engage à œuvrer pour le bien commun . » S ’ il ne sous-estime pas les efforts que demandent ce parcours compagnonnique , pour lui , il en vaut largement la peine , d ’ autant qu ’ il a finalement trouvé un appui dans la communauté : « Chacun arrive avec son bagage , sa culture , son éducation , et une ouverture d ’ esprit qui nous permet d ’ avancer ensemble . »
RAPPORT ANNUEL 2023