Radioprotection No 59-1 | Page 17

F . Couzon et al . : Radioprotection 2024 , 59 ( 1 ), 3 – 12 11
« simple » des résolutions à bas contraste et spatiale sur fantôme ne remplace pas l ’ analyse clinique des radiologues . Elle peut par contre être un bon outil dans la démarche d ’ optimisation des doses .
6 Discussion
Dans cette étude , des disparités importantes entre les K i ( mGy ) ont été observées pour les 3 radiographies étudiées ( facteurs 10,3 ; 8,6 et 8,2 entre les valeurs extrêmes respectivement pour les radiographies « ASP debout », « ASP couché » et « Thorax de face »). L ’ influence de la technologie de détection ainsi que de la présence de filtration additionnelle sur les K i ( mGy ) mesurés ont été mise en évidence . Concernant l ’ étude de la qualité d ’ images sur fantôme , les disparités observées sont moins marquées que celles des K i ( mGy ) ; et dans cette évaluation , seule l ’ influence de la technologie de détection a été mise en évidence .
Parmi tous les paramètres étudiés , certains fonctionnent de la même façon et ont la même influence sur le K i ( mGy ). C ’ est le cas de la tension et de la filtration additionnelle . En effet , augmenter la tension de quelques kV ou ajouter une filtration additionnelle durcit le faisceau de rayons . L ’ énergie du faisceau augmente et celui-ci devient plus pénétrant donc laisse moins de dose à la surface d ’ entrée du patient , le K i ( mGy ) est donc réduit à condition que la charge du tube soit adaptée avec des exposeurs automatiques ( AEC ). Ceci est mis en évidence , pour la filtration additionnelle , dans le tableau 2 ( mais pas pour la tension concernant les ASP ). Il est cependant indispensable de rester dans une gamme de tension adaptée à la zone anatomique afin de maintenir un contraste image suffisant . En effet , en augmentant l ’ énergie moyenne du faisceau , les courbes d ’ atténuation des différentes densités composant le corps humain se rapprochent . Ainsi , le contraste entre deux structures d ’ atténuations différentes est moins important à plus haute énergie .
La distance est très certainement le paramètre le plus difficile à contrôler car il dépend souvent du MERM réalisant l ’ examen . Lorsque l ’ on travaille avec l ’ exposeur automatique , il est fortement recommandé d ’ éloigner le tube à rayons X au maximum du patient ( sans pour autant trop s ’ éloigner de la distance focale de la grille anti-diffusante ). La qualité d ’ image ne sera pas impactée mais l ’ effet sur le K i ( mGy ) est relativement important . En effet , pour une même dose au détecteur , un même protocole et un même patient , le K i ( mGy ) est uniquement dépendant de la distance source-détecteur .
La qualité d ’ image est dépendante de la dose au récepteur d ’ image , de la technologie , de la taille du foyer , de la tension utilisée et de la filtration additionnelle . Pour ces 3 radiographies étudiées , la dose au récepteur d ’ image est gérée par l ’ exposeur automatique , donc la géométrie des cellules et du niveau de dose déclenchant l ’ arrêt de l ’ exposition . Ces paramétrages de cellules ont peu été évalués dans cette étude pour deux raisons principales : la première est que le niveau de dose à l ’ exposeur automatique n ’ est pas universel , certains constructeurs parlent en « points de cellules », d ’ autres en « densité » ou également « dose absorbée ». L ’ autre raison est liée à l ’ uniformité de notre fantôme de PMMA qui ne correspond pas aux hétérogénéités d ’ atténuation présentent dans le patient . En effet la position médiane de la colonne vertébrale du patient impacte de manière importante la réponse des cellules en fonction de leur géométrie ( centrale , ou les 2 latérales ou encore les 3 combinées ).
L ’ utilisation du petit foyer limite le flou géométrique et entraîne une légère amélioration de la résolution spatiale . Cependant , il est nécessaire de prendre en compte l ’ état du patient . En effet , un patient agité ou instable nécessite l ’ utilisation du gros foyer pour avoir un temps de pose court et limiter le flou cinétique .
Du fait du nombre limité de salles , nous n ’ avons pas mis en évidence une corrélation entre la qualité d ’ image et le K i ( mGy ). En effet , si l ’ on s ’ intéresse à une salle donnée et que l ’ on étudie un paramètre unique ( ex : tension ) sans changer tous les autres paramètres , il est facile de corréler la qualité d ’ image sur fantôme à la dose . Mais dans cette étude , les radiographies étaient réalisées avec les paramètres et conditions cliniques de chaque salle , donc tous les paramètres variaient en même temps ( tension , filtration additionnelle , géométrie et niveau de l ’ exposeur automatique , distance source récepteur d ’ image ). Un plus grand échantillon de salles serait donc nécessaire pour montrer une bonne corrélation entre la qualité d ’ image et le K i ( mGy ).
Les paramètres présentés sont les plus accessibles et les plus faciles à modifier . Cependant , on se rend vite compte qu ’ ils sont tous étroitement liés les uns aux autres . Ainsi , la modification d ’ un seul de ces paramètres perturbe tout le protocole . Trouver le bon compromis demande un travail minutieux . Aussi , ce qui ne ressort pas de cette étude , c ’ est le taux d ’ utilisation des salles de radiologie . En effet , les salles les plus utilisées étaient souvent les plus modernes , donc les plus performantes . L ’ ensemble de ce travail a mis en évidence un besoin de mieux uniformiser les pratiques et les paramétrages sur les équipements de technologie comparable . Des propositions d ’ axes d ’ amélioration ont donc été faites aux référents des salles de radiologie qui paraissaient les moins optimisées : en fonction du paramétrage initial , il a été recommandé différentes solutions , par exemple , mise en place d ’ une filtration additionnelle , augmentation de la distance source récepteur d ’ image , augmentation légère de la tension , changement de géométrie ou du niveau de l ’ exposeur automatique . Pour sensibiliser le personnel à tous ces aspects pratiques , des formations seraient un bon vecteur de communication ( Bertho et Habib Geryes , 2023 ).
De nombreux autres facteurs tels que les paramètres intrinsèques de la grille anti-diffusante ou l ’ index d ’ exposition pourraient également être étudiés dans le cadre d ’ une démarche plus poussée . Enfin , l ’ une des limites de cette étude est l ’ homogénéité du fantôme utilisé . En effet , l ’ utilisation d ’ un fantôme anthropomorphique aurait permis de mieux caractériser l ’ impact de la géométrie des exposeurs automatiques et également d ’ améliorer la robustesse de la qualité d ’ image dans le but d ’ être mieux corrélée à l ’ analyse cliniques faite par les radiologues . L ’ autre limite est le nombre limité de salles : 23 salles , cela reste convenable pour une étude à l ’ échelle d ’ un GHT , mais mériterait d ’ être étendu et notamment à des centres de radiologie de plus petite taille .