4 F . Couzon et al . : Radioprotection 2024 , 59 ( 1 ), 3 – 12
1 Introduction
La radiologie conventionnelle représente 55 % des actes d ’ imagerie réalisés en France en 2017 , ce qui donne à cette modalité la deuxième place des contributeurs à la dose efficace collective ( IRSN , 2020 ). Si l ’ on exclut les radiographies des membres ( très variées ) et de la zone maxillo-faciale ( majoritairement dentaires ), la radiographie du thorax est l ’ acte le plus fréquent . L ’ abdomen sans préparation ( ASP ) est environ dix fois moins fréquent mais présente des doses efficaces élevées en raison de l ’ atténuation plus importante des tissus abdomino-pelviens et de la présence d ’ un grand nombre d ’ organes à risque tels que les intestins , le foie et les reins ( IRSN , 2020 ). Les examens du thorax et de l ’ ASP sont des examens courants , pourtant les conditions de leur réalisation ne sont pas uniformisées ( El Fahssi et al ., 2023 ). En effet , les pratiques divergent entre les manipulateurs en électroradiologie médicale ( MERM ) d ’ un même service de radiologie mais aussi dans le paramétrage des protocoles entre les constructeurs , et ceux pour beaucoup d ’ examens radiographiques ( IRSN , 2014 ).
Depuis quelques années , les centres hospitaliers publics sont impliqués dans des démarches territoriales avec la création des GHT . Dans une démarche de qualité et d ’ optimisation des pratiques , il semble important d ’ identifier les établissements performants et ceux rencontrant des difficultés . Les services de radiologie sont souvent des services centraux au sein des hôpitaux . D ’ un point de vue éthique , pourquoi un patient se rendant dans un centre hospitalier pour une radiographie recevrait une dose relativement plus importante que dans un autre centre ? La même question peut également se poser sur la qualité d ’ image . Il semble donc très intéressant d ’ avoir une réflexion territoriale sur les équipements existants et leur utilisation actuelle . Obtenir une cartographie précise et complète des protocoles utilisés en routine pour la réalisation d ’ une radiographie de l ’ ASP ou du Thorax permettrait d ’ évaluer et de comprendre les écarts qu ’ il peut exister au sein d ’ une même structure ainsi qu ’ entre les différents centres . Cela pourrait également permettre de tendre vers une harmonisation des pratiques afin de lisser les différences .
2 Objectifs
Depuis de nombreuses années , les actes de radiologie sont guidés par la nécessité d ’ obtenir une qualité d ’ image acceptable pour le diagnostic , tout en délivrant le moins de dose possible ( IAEA , 2018 ). Si la qualité d ’ image est essentiellement évaluée par les radiologues lorsqu ’ ils interprètent les images , la dosimétrie est quant à elle gérée principalement par le physicien médical . La qualité d ’ image et la dosimétrie sont des indicateurs qui dépendent de très nombreux paramètres : tension du tube , courant , distance source-détecteur , taille du foyer , etc . ( Dillenseger et Moerschel , 2009 : Foulquier , 2010 ). Tous ces paramètres sont , en général , protocolisés afin d ’ uniformiser les pratiques au sein d ’ une salle de radiologie . Les protocoles enregistrés dans un équipement sont souvent basés sur une référence fournie par le constructeur lors de la mise en service . Ensuite , ils peuvent évoluer en fonction des exigences médicales ou de physiques médicales . Aussi , les avancées technologiques rendent ces équipements de plus en plus performants . Ainsi , chaque salle présente un protocole différent pour le Thorax et l ’ ASP et il est extrêmement difficile d ’ avoir une vision d ’ ensemble de la dosimétrie et de la qualité d ’ image d ’ une salle par rapport au reste du parc technique .
L ’ objectif de notre étude est donc d ’ obtenir une cartographie territoriale complète et détaillée des salles de radiologie présentes sur le GHT , autant pour la qualité d ’ image que pour la dosimétrie des radiographies du thorax et de l ’ ASP , en s ’ appuyant sur les protocoles utilisés au quotidien par les MERM . Et également de comprendre l ’ origine des écarts éventuels entre les différentes installations et centres .
3 Matériel
Afin de simuler un patient de morphologie standard , des plaques de Polyméthyl Méthacrylate ( PMMA ) de 30 cm de côté et de 1 ou 5 cm d ’ épaisseur ont été utilisées . L ’ épaisseur totale a varié selon la zone anatomique à étudier . Pour l ’ évaluation de la qualité d ’ image , on a utilisé l ’ objet test Leeds TOR 18-FG . Cet objet test ou mire permet d ’ évaluer la résolution à bas contraste et la résolution spatiale . Pour chaque radiographie étudiée , le K i ( mGy ) a été mesuré grâce au système dosimétrique RaySafe X2 à semi-conducteur , avec une précision de 5 % ( étalonnage à jour ). Ce système possède un blindage à l ’ arrière permettant d ’ atténuer fortement le rayonnement rétro-diffusé , ce qui a permis de positionner le dosimètre directement sur la surface des plaques de PMMA ( ICRU , 2006 ). Pour l ’ analyse objective de la qualité d ’ image sur fantôme , les clichés ont été analysés avec le logiciel ImageJ Version 1.8.0 . Il s ’ agit d ’ un logiciel libre et open source de traitement et d ’ analyse d ’ images développé par le NIH ( National Institutes of Health ).
4 Méthode
L ’ abdomen et le thorax des patients étant composés d ’ organes très différents , il a d ’ abord fallu déterminer l ’ épaisseur de PMMA permettant d ’ obtenir une atténuation proche de celle d ’ un patient de morphologie standard . L ’ abdomen est entièrement composé de tissus mous dont la densité est proche de celle de l ’ eau , l ’ épaisseur de PMMA utilisée pour simuler l ’ abdomen a été définie à 20 cm . Contrairement à l ’ abdomen , le thorax est majoritairement composé d ’ air en inspiration bloquée . Le rapport entre l ’ épaisseur de PMMA et l ’ épaisseur thoracique des patients est d ’ environ 1,5 . Ainsi , pour simuler un thorax de 20 cm d ’ épaisseur , il faut environ 13 cm de PMMA . ( Vano et al ., 2008 ).
Pour la dosimétrie , le K i ( mGy ) a été mesuré en posant directement le dosimètre à la surface du fantôme , à la perpendiculaire de l ’ axe du tube à rayons X . À partir de ces mesures de Kerma , l ’ influence des différents paramètres d ’ exposition ( Technologie de détection , filtration additionnelle , tension , distance foyer-récepteur d ’ image ) a été évaluée en fonction des plages d ’ utilisation .
La qualité d ’ image a été évaluée sur fantôme grâce à l ’ objet test ( ou mire ) TOR 18-FG qui permet d ’ apprécier la résolution à bas contraste et la résolution spatiale ( Fig . 1 ). Pour la