Puissance et sécurité à l'épreuve des conflits du Proche-Orient. IHEDN_AR-18_C79_2015-2016_Sécurité et puissance | Page 41

agir, va développer des stratégies particulières. De là peuvent être établies du moins en Europe deux grandes formes d’actes terroristes, tout deux « révolutionnaires » à bien des égards et qui vont perdurer tout au long du XX ème siècle dans et hors d’Europe. B) L’héritage révolutionnaire et nationaliste : le passé commande le présent Un terrorisme nationaliste inspiré par le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ( Europe ) Tout au long du XIX ème siècle la question nationale va travailler la cohésion des empires et des nations européennes supposées « établies » , nombre d’organisations patriotiques vont se tourner vers l’action terroriste, encouragées pour certaines d’entre elles par un fort soutien populaire que ce soient les Carbonari Italiens, les Oustachis Croates, les Serbes , les Bulgares, les Basques ou encore les Sinn feiner Irlandais pour certains dans une lutte continue jusqu’à nos jours. Ce terrorisme d’idéal national sera le plus répandu en Europe prenant tantôt la forme de guérilla quand les territoires revendiqués se trouvent occupés par des forces ennemies et quand le terrain s’y prête tantôt celle du meurtre ciblé ou symbolique de personnalités connues. Ils pratiquent ainsi une variante de la guerre d’usure au point de rendre problématique l’administration de régions entières (Boycott, violence et attentats agraires en Irlande entre 1861 et 1881). Les stratégies terroristes peuvent déboucher sur l’indépendance (Bulgarie 1878, Irlande 1922) mais Ils peuvent avoir aussi des conséquences dramatiques sur l’ordre mondial. Ainsi ceux perpétrés par le groupe serbe « la main noire » pour le rattachement de la Bosnie à la Serbie sera lourd de conséquences : l’attentat commis en 1914 à Sarajevo contre l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l'empire austro- hongrois, est considéré comme l’événement déclencheur de la Première Guerre mondiale. La « cause des peuples européens » sera source d’exemples .Citons G. Chaliand une fois de plus « […] depuis la fin de la seconde guerre mondiale le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes du moins quand il s’agit de peuples sous domination coloniale est devenue une idée force […] A partir des années 60 l’idéologie tiers-mondiste a sacralisé la révolte, l’usage systématique de la violence (dans le cadre des luttes anti coloniales) trouve là ses origines » les vagues d’attentats que va connaître la France entre 1954 et 1962 trouvent là une partie de leurs explication. J.P Sartre « le terrorisme est une arme terrible mais les peuples opprimés pauvres n’en ont pas d’autres ». Un terrorisme révolutionnaire « sectaire »* inspiré par les idées socialistes : Inculquer l’esprit de révolte dans les masses et / ou permettre à une avant-garde révolutionnaire de vaincre le gouvernement et d’imposer un ordre social nouveau. Dans la Russie autocratique de la fin du XIX ème siècle (sans rentrer dans la distinction entre « populiste » et « nihilistes ») se développent des groupes terroristes organisés, structurés, dont certaines actions seront théorisées par Netchaïev (1869) prenant appui sur le modèle Jacobin Français. D’autres tels que les narodniki (1878-1881) allaient être à l’ origine de l’assassinat du Tsar Alexandre II. Ces actes terroristes vont suspendre la libéralisation du régime Russe et vont renforcer son aspect autoritaire jusqu’à la révolution d’octobre 1917. Une seconde période s’inspirant de l’épisode russe s’ouvre en Europe dans la deuxième moitié du XX ème siècle au milieu de la guerre froide jusqu’ à la fin des années 1990. L’action terroriste de groupes révolutionnaires tels que la « fraction armée rouge » Allemande (« la bande à Baader »), Italienne (« Brigades Rouges »), ou Française (« Action Directe ») va se développer et prendre la forme d’attentat ciblé, de prise d’otages et même de détournement d’avion. Émergeant à l’intérieur de sociétés démocratiques et souvent sans « base de masse » leurs buts essentiels étaient de démontrer que l’état capitaliste était fondamentalement répressif. Leurs actions violentes avaient donc pour but de provoquer la répression et en retour faire adhérer les « masses » à leur révolte. Ce fut un échec. Cependant Leurs nombreux meurtres ciblés ont bénéficié d’une « publicité inattendue ». En montant en épingle leur violence, la presse européenne au nom de la liberté d’expression et d’information a pu donner à ces groupes une notoriété largement disproportionnée par rapport à leur influence réelle. L’action violente anti –capitaliste a 41