Puissance et sécurité à l'épreuve des conflits du Proche-Orient. IHEDN_AR-18_C79_2015-2016_Sécurité et puissance | Page 42
paradoxalement débouché sur « un terrorisme publicitaire » qui a permis à ces groupes armés de
recruter des « relais d’opinion » dans la société civile (étudiants, intellectuels) et de prolonger ainsi
cette influence sur le plan des idées. Ces leçons ne seront pas perdues.
Ces groupes ont ensuite inauguré une forme « transnationale du terrorisme », déléguant à certains
groupes des actions violentes ou reprenant à leurs comptes des combats hors de leurs « sphères
immédiates » de revendications (attentats de soutiens à L’OLP) « franchisant » ainsi certaines
actions. Largement soutenus par les services secrets du pacte de Varsovie ces groupuscules
servaient surtout d’éléments de déstabilisation des sociétés occidentales dans le contexte de la
guerre froide. Or n’ayant jamais eu le soutien populaire attendu, ces groupes ont été éliminés
d’autant plus vite que l’effondrement du bloc de l’est a coupé leurs source d’approvisionnements et
fait disparaître leurs bases de repli. En un sens manipulés, ils étaient plus la marque d’un terrorisme
d’état à visée impériale (l’Urss et ses affidés) que l’expression d’une avant-garde révolutionnaire
réelle. G –Chaliand écrivait en 1998 « rares sont les organisations terroristes contemporaines
dépassant plus de trois cents membres ». Leur échec a signé peut être la fin du terrorisme
révolutionnaire de type « socialiste » mais pas celui des utopies refondatrices de la société
.Ajoutons qu’un certain nombre de leurs « savoir faire » [la clandestinité, l’idée de contre société, la
pratique de la désobéissance militante] s’est transmis et entretient dans toutes les strates de la
société un romantisme souvent récupéré, comme on le verra pour d’autres combats. * issus de
groupes / groupuscules ayant peu ou pas d’appui dans les « masses ».
Après 1968 le Tiers-mondisme va raviver les luttes séparatistes nationales en Europe incarnés par
l’IRA Irlandaise, l’ETA Basque, le FLNC Corse, L’ASALA Arménienne dont les revendications
nationales, pour certaines ne sont toujours pas satisfaites. Le retour des « démons séparatistes » est
important car ces luttes réactualisent à leur manière le combat révolutionnaire « anti impérialiste »
mais en opérant une synthèse entre thèses révolutionnaires et thèses nationalistes souvent
antinomiques. Ces Mouvements séparatistes en prenant contact avec des états fraîchement
décolonisés vont tisser avec ces derniers des liens militaires et logistiques (Algérie , Libye, Égypte
Syrie) initiatives soutenues par le Bloc de l’Est ( stratégie de la « tension » . L’aide logistique sera
réciproque, c’est ainsi que des organisations terroristes du moyen -orient engagées dans la lutte
contre l’état d’Israël et la politique américaine vont pouvoir exporter leur lutte à la fois nationale et
anti impérialiste au sein même des capitales européennes : les attentats de Munich (1972) la rue
Copernic ou encore l’attaque du restaurant Goldenberg à Paris en 1982. D’autres formes de
terrorisme prennent alors le relais : celui lié au problème palestinien ( inconnu des opinions
publiques occidentales jusque dans les années 70) tourné contre les états accusés de soutenir Israël,
et ceux des mouvements Islamistes (Algérie, Égypte) s’opposant à l’occidentalisation et frustrés de
voir, soit leur gouvernement pactiser avec l’occident « mécréant » ( Égypte / Jordanie/ Arabie
Saoudite) soit annuler des élections qui leur donnaient les clés du pouvoir (Algérie 1992). Les
attentats meurtriers qui secouent la France entre 1995 (K. Khelkal) et 2000 (projet d’écraser un
Airbus sur Paris) en témoignent.
G. Chaliand écrit en 1998 « […] Les moyens de communications de masse sont devenus une
importance considérable pour les organisations terroristes ; c’est l’une des caractéristiques
majeure du terrorisme contemporain ». Désormais le « terrorisme publicitaire » semble dépassé
avec les dimensions religieuses, culturelles, sociales civilisationnelle donc totalisantes de la pratique
terroriste identifiée comme Islamistes. G.Chaliand de nouveau « Cette escalade fait craindre la
multiplication d’acte visant à provoquer un nombre […] croissant de victimes […] ciblant des
infrastructures essentielles des pays industriels ». Et de conclure : « l’effet en serait si spectaculaire
qu’il n’y aurait même plus besoin des médias pour le relater ».
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