Puissance et sécurité à l'épreuve des conflits du Proche-Orient. IHEDN_AR-18_C79_2015-2016_Sécurité et puissance | Page 37

Ce décalage spatio-temporel avec l’environnement immédiat et le mode de vie de l’immense majorité de la population des pays démocratiques ; le caractère protéiforme et évolutif du terrorisme, qui se nourrit sans cesse d’actions nouvelles (dirigées en priorité contre des civils) destinées à surprendre ses adversaires et à les déstabiliser, ainsi que l’incertitude sur la taille et les intentions du réseau génèrent le sentiment de terreur et lui donne du pouvoir. La stratégie utilisée est celle « du faible au fort » (Opérations planifiées-Populations bien repérées- Finalité parfaitement définie) sans combat direct avec une force armée. Le « terrorisme tactique », qui agit dans la clandestinité absolue, use de la violence inhumaine directe sur les personnes (opérations-suicides) pour mettre des populations sous influence mais aussi des opinions publiques étrangères. Il attaque des cibles sans défense mais aussi des personnalités qui constituent des obstacles politiques, diplomatiques, militaires ou médiatiques (effet médiatisé de choc et de rejet) servant l’objectif politique qui est d’acquérir le statut d’adversaire redouté d’un ou de plusieurs Etats, pour parvenir à ses fins . Les « opérations spéciales » voient des combattants déterminés, armés, payés (et dotés d'avantages en nature) et entraînés attaquer les fonctions régaliennes d’un État (défense-justice-police et diplomatie) à travers des infrastructures emblématiques, des forces constituées ou des responsables d’administration), en empêchant son fonctionnement et en sapant son autorité afin d’affaiblir durablement les fondements vitaux de sa souveraineté et de sa puissance. Ainsi, les autorités se trouvent déconsidérées aux yeux d’une population qui ne se sent pas ou mal protégée et acceptera donc plus facilement la montée au pouvoir du plus fort pour survivre. Cette tactique terroriste démontre la puissance d’un mouvement. Enfin, la coercition et la séduction vis-à-vis de citoyens ou d’États, les actions de prosélytisme et de propagande et les actions criminelles en lien avec les narco-terroristes, les groupes terroristes africains et les organisations mafieuses européennes( prises d’otages, expulsions, trafics d’armes, d’êtres humains, d’immigration illégale, de drogue, de pétrole et de cigarettes, extorsions de fonds, fraudes aux cartes de crédit, faux documents, rançonnement et racket, piraterie, tortures et assassinats massifs …) visent à imposer leur volonté en contraignant les populations concernées à adopter un comportement qui leur soit favorable. De même, elles cherchent à obtenir les aides matérielles, médicale et financière qui leur sont nécessaires, ainsi que de l’information fiable sur les forces adverses en même temps que leur est prodiguée l’assistance du « parti de la paix ». Celui-ci est systématiquement décrit comme réprimé et engagé dans une cause présentée par eux-mêmes comme légitime, qui peut leur apporter sympathie, soutien politique et subsides. Cet autofinancement nourrit la communauté d’intérêts entre différents mouvements terroristes d’une part par les relations de type commercial et opérationnel et d’autre part par les échanges de savoir- faire technique et tactique spécifiques. Le « terrorisme stratégique », qui présente une vitrine publique en même temps qu’un bras armé clandestin, attaque l’économie d’un pays ou d’une région jusqu’à y générer une instabilité sociale insupportable pouvant l’entraîner au chaos. H. Eudéline le définit ainsi : « Menaces ou actes de violence perpétrés afin de désorganiser les infrastructures et de perturber les flux d’échanges interrégionaux en créant et en maintenant un état latent d’incertitude économique et sociale, en vue de déstabiliser durablement les populations de façon à atteindre des objectifs politiques ». Pour ce faire, cinq conditions sont réalisées : Grande 37