PixaRom Sep.2014 | Page 41

BOUILLON DE PIXELS Car, cela va de soi, l’immersion n’est pas qu’affaire de dialogues, de trame cohérente, de personnages vraisemblables et d’univers crédible. La patte graphique a une importance certaine, si d’aventure elle se trouvait qualifiée d’impersonnelle (comme pour le design de nombreux FPS...) ce sera déjà un malus. Pour les jeux sandbox, c’est une dimension à ne pas négliger. La musique aussi joue un rôle de poids, pour aller dans le sens de l’action (comme un thème épique pour combattre les boss, essayez donc cela : https://www.youtube.com/watch?v=V4vCEHpv6Hg ou soulignant l’émotion du moment (tel cet hymne à la mélancolie, thème d’une femme éperdue d’amour demeurant un fantôme, dans l’espoir que son immortel amour trouve une solution à son épineux problème : https://www.youtube.com/watch?v=tUt84LyH2JI sans parler de l’ambiance en général, car dans l’acception d’immersion, il y a aussi celle d’atmosphère générale dégagée par un jeu vidéo. Toutefois, ces éléments, aussi utiles soient-ils pour renforcer l’immersion, sont encore plus sujets à l’appréciation personnelle de tout un chacun, ce pour quoi j’ai choisi de ne pas les discuter. Mais dans ce reste, il y a encore une composante, justement, et c’est vous-même, ami Lecteur. Si l’immersion n’est pas un contrat synallagmatique, il en va tout de même de la volonté du joueur - notamment concernant la crédulité complaisante - de vouloir plonger ou nager, méfiant, entre deux eaux. Les langues taquines pourront se délier en disant que j’ai l’habitude d’offrir des réponses toutes relatives, cela dit, où qu’on place le jeu vidéo entre les échelles de l’art et du divertissement, c’est là un domaine acceptant une bonne dose de relativité, n’est-ce pas ? Pour conclure ce maigre dossier, voilà quelques recommandations personnelles concernant des jeux que je juge particulièrement immersifs : * Planescape Torment. Ne vous laissez pas tromper par son âge et ses affrontements n’ayant pas la part belle, c’est un RPG sublime, doté d’une histoire forte, peuplée de personnages complexes, où vous pouvez agir comme bon vous semble entre les différents alignements coutumiers au système D et D. Les dialogues sont légions, mais qu’ils sont bien écrits ! * Deus Ex et Deus Ex Human Revolution : à bien des années d’écart, ces deux titres de la franchise parviennent tant à vous mettre dans la peau d’un personnage dont les capacités remettent en question la définition de l’être humain, qu’à dépeindre une société d ystopique aussi sombre que crédible. * The Witcher I et II. Même si l’on retrouve des mécaniques bien connues comme les guerres raciales (encore qu’elfes et nains ensemble pour combattre les humains, ce n’est pas si courant) il est très rafraîchissant d’avoir un héros aussi cynique que Geralt, tamisant la réalité sous un regard froid et critique, naturellement porté ni vers la charité, ni vers la cruauté. Humain parmi les monstres et monstre parmi les humains, le Sorceleur tente seulement de tracer sa voie... * Bioshock 1. Ses « trucs » comme les audiologs ont été copiés sans être égalés, la cité sous-marine de Rapture et ses secrets sont un régal. On peut regretter que Jack soit muet, mais s’il semble obéir sans poser de questions, il y a une bonne raison à cela... Le deux est un peu moins convainquant en la matière, quant à Infinite, son manque de cohérence interne m’empêche de le recommander. That’s all folks ! Aronaar PixaRom magazine    41