BOUILLON DE PIXELS
Car, cela va de soi, l’immersion n’est pas qu’affaire de
dialogues, de trame cohérente, de personnages vraisemblables et d’univers crédible. La patte graphique a une
importance certaine, si d’aventure elle se trouvait qualifiée d’impersonnelle (comme pour le design de nombreux
FPS...) ce sera déjà un malus. Pour les jeux sandbox, c’est
une dimension à ne pas négliger.
La musique aussi joue un rôle de poids, pour aller dans le
sens de l’action (comme un thème épique pour combattre
les boss, essayez donc cela :
https://www.youtube.com/watch?v=V4vCEHpv6Hg
ou soulignant l’émotion du moment (tel cet hymne à
la mélancolie, thème d’une femme éperdue d’amour
demeurant un fantôme, dans l’espoir que son immortel amour trouve une solution à son épineux problème
:
https://www.youtube.com/watch?v=tUt84LyH2JI
sans parler de l’ambiance en général, car dans l’acception
d’immersion, il y a aussi celle d’atmosphère générale dégagée par un jeu vidéo.
Toutefois, ces éléments, aussi utiles soient-ils pour renforcer l’immersion, sont encore plus
sujets à l’appréciation personnelle de tout un chacun, ce
pour quoi j’ai choisi de ne pas les discuter.
Mais dans ce reste, il y a encore une composante, justement, et c’est vous-même, ami Lecteur. Si l’immersion n’est
pas un contrat synallagmatique, il en va tout de même de
la volonté du joueur - notamment concernant la crédulité
complaisante - de vouloir plonger ou nager, méfiant, entre
deux eaux.
Les langues taquines pourront se délier en disant que
j’ai l’habitude d’offrir des réponses toutes relatives, cela dit,
où qu’on place le jeu vidéo entre les échelles de l’art et du
divertissement, c’est là un domaine acceptant une bonne
dose de relativité, n’est-ce pas ?
Pour conclure ce maigre dossier, voilà quelques recommandations personnelles concernant des jeux que je juge
particulièrement immersifs :
* Planescape Torment. Ne vous laissez pas tromper
par son âge et ses affrontements n’ayant pas la part belle,
c’est un RPG sublime, doté d’une histoire forte, peuplée de
personnages complexes, où vous pouvez agir comme bon
vous semble entre les différents alignements coutumiers au
système D et D. Les dialogues sont légions, mais qu’ils sont
bien écrits !
* Deus Ex et Deus Ex Human Revolution : à bien
des années d’écart, ces deux titres de la franchise parviennent tant à vous mettre dans la peau d’un personnage dont
les capacités remettent en question la définition de l’être
humain, qu’à dépeindre une société d ystopique aussi sombre que crédible.
* The Witcher I et II. Même si l’on retrouve des mécaniques bien connues comme les guerres raciales (encore
qu’elfes et nains ensemble pour combattre les humains, ce
n’est pas si courant) il est très rafraîchissant d’avoir un héros
aussi cynique que Geralt, tamisant la réalité sous un regard
froid et critique, naturellement porté ni vers la charité, ni
vers la cruauté. Humain parmi les monstres et monstre
parmi les humains, le Sorceleur tente seulement de tracer
sa voie...
* Bioshock 1. Ses « trucs » comme les audiologs ont
été copiés sans être égalés, la cité sous-marine de Rapture
et ses secrets sont un régal. On peut regretter que Jack soit
muet, mais s’il semble obéir sans poser de questions, il y a
une bonne raison à cela...
Le deux est un peu moins convainquant en la matière, quant à Infinite, son manque de cohérence interne
m’empêche de le recommander.
That’s all folks !
Aronaar
PixaRom magazine
41