PIXAROMELETTE DU MOIS
Que serait-ce donc le casual en comparaison ? Le profane venant toucher à un monde qu’il
ne comprend, avec son goût pour des jeux réservés
à la plèbe ? C’est possiblement ce que ressent une
partie des joueurs conspuant la « casualisation », comme
si on venait leur voler quelque chose, et, pire encore, que les développeurs s’attellent à créer des produits pour eux.
Mais c’est là que c’est encore moins un phénomène et simplement
une conséquence logique du développement vidéoludique.
Si l’on peut souvent stipendier les pratiques des Big Three, il serait
naïf de rejeter la mécanique commerciale derrière.
Le jeu vidéo est un business très juteux, et maintenant qu’il est très
fortement répandu - jusqu’aux tablettes, navigateurs internet et
téléphonie mobile - il est tout à fait normal que l’industrie
cherche à toucher tous les publics possibles.
Le concept du titre casual s’implante donc, ne serait-ce qu’avec des
softs catégorisés ainsi sur Steam, leader en distribution de
jeux dématérialisés.
La réaction de rejet d’un noyau dur réfractaire n’en est pas moins un brin
grossière, comme si elle voulait dessiner une barrière étanche entre deux
communautés de joueurs, et partant, deux grandes catégories
de jeux vidéos.
Comme s’il y avait un divertissement véritable, et d’autres
inférieurs. On devrait alors s’étonner du succès de la
licence Mario Party, casual au possible.
Et que dire de la (majoritairement) excellente saga des
Ace Attorney ? Des visual novel généralement
permissifs, sans gameplay développé, et pourtant,
quel régal !
On est bien loin de l’ esprit compétitif
comme il est exacerbé dans l’e-sport. Pourquoi un
tel repli sur des valeurs pas si nécessairement partagées ?
En protestation contre la plus grande facilité
ambiante ? Marqueurs d’objectifs, régénération de
la santé, échecs sans conséquences, assistanat, etc.
Cependant il y a régulièrement des options pour que celui
cherchant challenge à sa mesure se satisfasse, comme le mode
cauchemar dans Alien vs Predator retirant les checkpoints. Les
développeurs de grandes licences tiennent généralement à ne pas
transformer des titres phares en séances de sinécure sans intérêt.
Le jeu vidéo n’appartient pas à une intelligentsia (le terme est
d’ailleurs généreux...) de connaisseurs, mais a vocation à s’étendre,
d’où la propagation de titres moins exigeants. Ce n’est pas comme si
cette démarche tirait toute l’industrie vers le bas ! La grogne provient
peut-être de cette phase de changement plus appuyée, mais une tendance
générale inverse ne risque pas de se produire.
Et puis, il serait un peu absurde de dépeindre le « vrai gamer » comme ne
pouvant pas apprécier à la fois les jeux casual et non casual. Quant à la
question du support, allez donc jouer à FTL sur Ios, Androïd ou
tablette, même en normal, vous m’en direz des nouvelles...
Allez, Bob, au passage, préparez-nous au
décollage.
PixaRom magazine
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