PIXAROMELETTE DU MOIS
Nick Harwitt:
Pour pouvoir parler de casualisation, il faut
d’abord une bonne définition.
Pour ma part, la casualisation est le
changement d’un jeu pour qu’il devienne
plus accessible à tous les publics pouvant
exister.
Par exemple, Bioshock Infinite se concentre uniquement sur ses phases d’action et
retire les phases de piratage et la gestion des
plasmides des deux premiers épisodes alors
que ceux-ci étaient déjà plutôt axés au grand
public qu’aux élitistes du FPS.
Aussi une casualisation peut permettre à
un jeu d’être plus appréciable. Par exemple, je
pourrais concevoir un RPG qui implique une
barre de vie, de faim, de soif, d’endurance,
de fatigue, de santé mentale, d’hygiène
physique et dentaire pour qu’au final, les
joueurs s’énervent à toujours garder un œil
sur chaque barre qui ne doit pas atteindre
zéro, sous risque que le personnage meurt et
qu’un game over force les joueurs à recommencer tout le soft.
C’est dans ces cas-là que je ne refuse pas
un peu de casualisation pour qu’il y ait au
minimum une barre de vie et des points de
sauvegarde. Cependant il reste tout à fait
possible pour les développeurs de concevoir un jeu avec une haute difficulté, tout en
proposant un mode facile (les J-RPG le font
avec aise en proposant un mode facile qui
permet aux joueurs de profiter seulement
de l’histoire, et un mode difficile qui altère le
level-design et le comportement des ennemis tandis que les RPG occidentaux ne font
qu’augmenter ou baisser les statistiques des
ennemis selon la difficulté).
Après, la casualisation peut aussi être
associée aux jeux free-to-play mais bien
entendu, le jeu n’est pas aussi gratuit qu’il n’y
parait : on peut toujours s’amuser, il y aura
toujours du contenu en plus dont il faudra
payer par micro-transactions...
A moins que l’on préfère attendre une
demi-heure pour gagner une légère somme
d’argent dépensée tout de suite pour que
l’on attende encore plus longtemps et ainsi
de suite.
Mais malgré cette micro-arnaque, le succès est au rendez-vous et à la manière des
DLC, il y aura toujours des gens qui paieront 10 euros pour le tout nouveau pack de
niveaux dans Angry Birds Space Wars Ultimate
HD bouclé en moins d’une heure.
Ça reste incompréhensible mais c’est
comme ça et ça restera pareil pour des
années à venir.
24 PixaRom magazine
CASUALS...
Lord Dagan:
Pas vraiment d'avis là-dessus. Non pas que ça
ne m'intéresse pas, mais plus personne n'est
capable de véritablement définir avec précision un casual... Tout le monde donne du «
casual » à tout le monde !
Un casual gamer, c'est un joueur occasionnel. Point à la ligne. Peu importe à quoi il
joue : du Cooking Mama, du Street Fighter, du
Pro Evolution Soccer, du Baldur's Gate... C'est la
fréquence de jeu qui compte.
Alors oui, certains genres sont plus à même
de satisfaire ce type de joueur. Ça n'en fait
pas forcément des jeux idiots. Un Professeur
Layton est un jeu qui peut trouver beaucoup
d'adeptes chez ces « joueurs du dimanche », et
pourtant, c'est un jeu qui demande on ne peut
plus de réflexion.
Et donc, pour répondre à la question : ni
l'un ni l'autre. Ce phénomène à toujours existé,
les constructeurs ont toujours appuyé dessus –
retrouvez des publicités de l'époque de l'Atari,
pour vous apercevoir que Space Invaders, c'est
un jeu familial – et il y a toujours eu des jeux
pour cette catégorie de personnes. Tetris, ça
vous dit quelque chose ?
Quand à l'esprit sectaire, il est véritablement présent... Et c'est très drôle ! Et bien oui
: le joueur occasionnel, le vrai, tu ne le verras jamais sur les forums spécialisés. Jamais.
Pourquoi s'y intéresser, puisque le jeu vidéo est
un passe-temps ponctuel ?
Alors c'est assez marrant de voir les
« guerres » sur forum, tout le monde
s'invectivant de part en part, de manière de
plus en plus violente, alors même que la cible
des critiques des PGM autodéclarés n'aura
même pas la moindre idée de l'existence d'une
communauté qui veut la mise à mort du casual gamer.
Ah, et juste une dernière chose : non, tout
ne se casualise pas. C'est un faux problème. Les
jeux s'adaptent avec le temps, avec le public.
C'est la loi du marché, et c'est
l'aboutissement de décennies à trouver un
compromis. Mass Effect est trop facile en normal ? Et bien fait les modes de difficultés
supérieurs. Mon dieu, on peut, dans Oblivion,
avoir accès à l'auto-déplacement ? Et bien si ça
te gêne, ne l'utilise pas !
Tu regrettes le temps de Gouls' n Ghosts
? Et bien