PixaRom numéro 4 PixaRom numéro 4 Mars 2014 | Page 50

BOUILLON DE PIXELS LES ORIGINES Au commencement, c’était primitif. Vous vous attendiez à quoi ? Lord : Il faut rendre à César ce qui est à César. Le jeu de rôle est né en occident. Il en a écrit les bases, les codes, et tout ce qui en découle vient de cette version de table. C’est une entité bien définie, que l’occident respecte et comprend. Les japonais ne s’y intéressent guère, et ne font que reprendre quelques éléments, pour en faire quelque chose de complètement différent. De plus, les premiers JDR version vidéo-ludique sont eux aussi occidentaux, près de 10 ans avant la vague nippone... Et encore, elle ne s’imposera au monde que bien des années plus tard. Dagan : Toi, t’es vraiment un extrémiste ras-du-sol. Qui a nié les origines du RPG ? Personne. Mais vous avez cette fâcheuse tendance à le rappeler trop souvent, vous érigeant en gardiens du temple. Mais qu’est-ce qu’on en a à foutre ? Le « rôlisme » n’appartient pas à une caste. Dès lors qu’il intéresse une personne, un joueur, il est universel. Et puis vos premiers pas dans notre média, laisse moi rire. Du simple porte/monstre/trésor, du textuel, du fil de fer, de l’ennui à mourir. Ce n’est pas que les japonais s’en foutaient, c’est 50    PixaRom magazine surtout qu’ils ont compris, eux, comment il fallait adapter un support à un autre. LA NOTION DE LIBERTE Lord : Qu’est-ce qui caractérise le RPG, avant même ses systèmes de jeu ? C’est bien la notion de liberté. Quoi de plus grisant que d’être lâché dans un univers, après avoir minutieusement créé son avatar ? Combien de fois ne nous sommes pas émerveillés de découvrir, lors de notre escapade, une caverne pleine de secrets, une caverne que peut-être personne n’avait découverte avant ? Tomber sur des ruines antiques, parfois se faire surprendre par des bandits de grands chemins, pouvoir aller à la taverne du coin, récolter des informations, parfois même faire des choses futiles, comme pêcher... Ou simplement flâner au sommet d’une montagne, et faire tourner la caméra pour admirer le paysage. Le RPG occidental vous offre l’aventure dont VOUS rêvez. Et pour ceux qui aiment partager, le MMO est là pour vous. Car rien n’est plus satisfaisant que de vaincre un seigneur cruel au fond de son antre, au prix d’une rude bataille où vous aurez protégé vos compagnons, qui eux même, dans une parfaite osmose, aurons unis leur force dans ce combat incertain. Vous l’entendez, cet appel ? L’appel de l’aventure, la vraie ! Dagan : Oui, oui, la liberté, les petits oiseaux, tout ça... Bien ta simulation de La petite maison dans la prairie ? La liberté est chiante, car elle induit une certaine mollesse, et donne cette désagréable sensation de n’être finalement qu’un parmi tant d’autres. Vous n’êtes personne... Et d’ailleurs, la mocheté régulière des avatars n’aide pas. Le J-RPG enlève en liberté ce qu’elle donne en rythme, et en personnalité. C’est un parti pris : vous n’incarnez pas un péon lambda, mais un groupe de personnages au caractère et à la personnalité définis, écrits. C’est scripté, et c’est en parfaite adéquation avec ce que doit être le jeu vidéo. Pas le temps de flagorner pour aller pincer les fesses de la tavernière. Ici, on sauve le monde, et il faut faire vite. Les événements s’enchaînent, il n’y a jamais de temps mort. C’est soutenu, donc ça accroche. Au moins, vous ne passez pas 200 heures à ne rien faire au final. Une quarantaine d’heures bien remplies vous paraîtront bien plus satisfaisantes.