BOUILLON DE PIXELS
LES ORIGINES
Au commencement, c’était primitif. Vous vous
attendiez à quoi ?
Lord :
Il faut rendre à César ce qui est à César. Le
jeu de rôle est né en occident. Il en a écrit les
bases, les codes, et tout ce qui en découle
vient de cette version de table. C’est une
entité bien définie, que l’occident respecte et
comprend.
Les japonais ne s’y intéressent guère, et ne
font que reprendre quelques éléments, pour
en faire quelque chose de complètement
différent. De plus, les premiers JDR version
vidéo-ludique sont eux aussi occidentaux,
près de 10 ans avant la vague nippone... Et
encore, elle ne s’imposera au monde que
bien des années plus tard.
Dagan :
Toi, t’es vraiment un extrémiste ras-du-sol.
Qui a nié les origines du RPG ? Personne.
Mais vous avez cette fâcheuse tendance
à le rappeler trop souvent, vous érigeant en
gardiens du temple. Mais qu’est-ce qu’on en
a à foutre ? Le « rôlisme » n’appartient pas à
une caste. Dès lors qu’il intéresse une personne, un joueur, il est universel. Et puis vos
premiers pas dans notre média, laisse moi
rire. Du simple porte/monstre/trésor, du
textuel, du fil de fer, de l’ennui à mourir. Ce
n’est pas que les japonais s’en foutaient, c’est
50 PixaRom magazine
surtout qu’ils ont compris, eux, comment il
fallait adapter un support à un autre.
LA NOTION
DE LIBERTE
Lord :
Qu’est-ce qui caractérise le RPG, avant
même ses systèmes de jeu ? C’est bien la
notion de liberté. Quoi de plus grisant que
d’être lâché dans un univers, après avoir
minutieusement créé son avatar ? Combien
de fois ne nous sommes pas émerveillés
de découvrir, lors de notre escapade, une
caverne pleine de secrets, une caverne que
peut-être personne n’avait découverte avant
?
Tomber sur des ruines antiques, parfois se
faire surprendre par des bandits de grands
chemins, pouvoir aller à la taverne du coin,
récolter des informations, parfois même faire
des choses futiles, comme pêcher... Ou simplement flâner au sommet d’une montagne, et
faire tourner la caméra pour admirer le paysage. Le RPG occidental vous offre l’aventure
dont VOUS rêvez. Et pour ceux qui aiment
partager, le MMO est là pour vous. Car rien
n’est plus satisfaisant que de vaincre un seigneur cruel au fond de son antre, au prix d’une
rude bataille où vous aurez protégé vos
compagnons, qui eux même, dans une parfaite osmose, aurons unis leur force dans ce
combat incertain. Vous l’entendez, cet appel
? L’appel de l’aventure, la vraie !
Dagan :
Oui, oui, la liberté, les petits oiseaux, tout
ça... Bien ta simulation de La petite maison
dans la prairie ? La liberté est chiante, car
elle induit une certaine mollesse, et donne
cette désagréable sensation de n’être finalement qu’un parmi tant d’autres. Vous
n’êtes personne... Et d’ailleurs, la mocheté
régulière des avatars n’aide pas. Le J-RPG
enlève en liberté ce qu’elle donne en rythme,
et en personnalité. C’est un parti pris : vous
n’incarnez pas un péon lambda, mais un
groupe de personnages au caractère et à la
personnalité définis, écrits. C’est scripté, et
c’est en parfaite adéquation avec ce que doit
être le jeu vidéo. Pas le temps de flagorner
pour aller pincer les fesses de la tavernière.
Ici, on sauve le monde, et il faut faire vite.
Les événements s’enchaînent, il n’y a jamais
de temps mort. C’est soutenu, donc ça accroche. Au moins, vous ne passez pas 200
heures à ne rien faire au final. Une quarantaine d’heures bien remplies vous paraîtront
bien plus satisfaisantes.