PixaRom numéro 4 PixaRom numéro 4 Mars 2014 | Page 34

BOUILLON DE PIXELS Première plaie : et tu devras farmer des heures durant... S’il arrive de faire littéralement des plantations dans les jeux vidéos, comme dans Harvest Moon ou - gulp - Farming Simulator, le terme renvoie le plus souvent à de la moisson d’expérience et d’argent, et plus particulièrement dans les RPG (ou avec des mécaniques empruntées au RPG) là où c’est le plus nécessité. Evidemment, l’un des plaisirs dans ce genre est la montée en puissance plus ou moins en continu, dans cette merveilleuse logique circulaire : tuer pour être plus puissant et tuer des trucs eux aussi plus puissants (normalement). Avec l’équipement adéquat, mais, bon, farming d’XP et farming sont étroitement lié, même si dans de nombreux cas, pour un même combat, l’un prend le pas sur l’autre. La progression dans ce domaine est une affaire délicate. Si le jeu est trop facile et qu’il n’y a réellement pas besoin d’aller chercher des « revenus » supplémentaires d’expérience, le joueur risque de s’ennuyer ferme par manque de challenge (et d’autant plus si les quêtes, elles, n’ont pas un intérêt RP mirobolant). S’il faut aller se farcir des combats aléatoires de temps à autre pour rester au niveau, ou notamment pour surmonter des pans totalement optionnels du jeu et facilitant ainsi la progression générale sans la transformer en découpage de beurre en train de fondre, c’est déjà mieux. Deuxième plaie : et tu arpenteras des égouts par dizaines... Une Loi Universelle Mystérieuse doit régner pour qu’avec tant de régularité, un ou plusieurs vaillants protagonistes doivent impérativement s’aventurer dans les égouts d’une cité quelconque. On s’accordera déjà à dire que ce genre d’endroit n’est certes pas le plus épique pour poursuivre une aventure, ni des plus classes avec les eaux charriant les résidus organiques, et les diverses canalisations et tunnels probablement dans un état indiquant que les ponts et chaussées ne sont pas passés dernièrement. Ce point se comprend aisément, car que l’on soit en fantasy, en SF ou autre, les égouts semblent être le repaire privilégié de tous les rebuts et sales engeances dont personne ne veut : monstres 34    PixaRom magazine Le problème vient donc lorsque la progression normale - combats aléatoires des zones obligatoires et affrontements scriptés - ne demandent pas autre chose que d’avoir un certain niveau, et donc de courir des heures dans une région infestée d’ennemis, chaque nouveau charnier rapprochant de l’objectif. Quelle que soit la qualité du gameplay du jeu en question, la répétition finit par abraser l’intérêt d’autant plus qu’elle est intensive. Car forcément on préférera accumuler les combats rapides n’impliquant pas de tactique. Parfois le taux des combats aléatoire fait que l’on n’a pas le choix, comme dans Bravely Default où 70% des affrontements consiste à spammer les attaques. Certes, on retrouve une vaste majorité de combats aléatoires peu tactique dans beaucoup de titres, mais lorsqu’il faut rajouter le farming par-dessus, cela peut vite devenir pesant. Le cas se présente aussi lorsque vous êtes confronté à un boss pénible à battre sans une stratégie perchée, et/ou il ne reste plus qu’une solution, bête et méchante : engranger suffisamment de niveaux au-dessus de lui pour que les statistiques fassent le reste ! La tentation est parfois présente dans des soft de qualité comme Xenoblade et où l’on peut ressentir toute la lenteur du processus, même quand ce n’est pas au tour-par-tour. Et même lorsqu’il y a des options multi, à l’instar de Pokémon, permettant des affrontements intéressants, on ne coupe pas à trop de séances décérébrées de level-up. Le rendement stakhanoviste en jeu vidéo ! aquatiques, araignées géantes, zombies, abominations mutantes, créatures lovecraftiennes, rats de diverses tailles, plantes carnivores démesurées, sources d’empoisonnement, et bien sûr les organisations voulant être au calme, se complaisant dans de saines activités comme les rituels sacrificatoires, la nécromancie ou le commerce de viande humaine. Rajoutez les moisissures, la luminosité laissant à désirer et encore heureux que l’odorat ne puisse pas être impliqué. Sans oublier le fait que les égouts, de par leur nature, sont plutôt faciles à designer. Si leur usage est compréhensible dans un jeu comme Bloodlines comme hub souterrain et moyen pour une certain race de vampires de ne pas violer la Mascarade (avec leur tête, difficile de passer inaperçu parmi les humains) on peut douter de la pertinence, même dans un excellent titre comme Tales of Symphonia. A un moment, notre bande de héros ne trouve pas comme meilleure solution que d’emprunter les égouts pour pénétrer dans une ville.