- En diminuant le nombre de convives, tout simplement ».
Cette menace déguisée – venant en plus du seul personnage armé – va conditionner autant les
réactions futures, mais aussi les petites histoires parallèles qui se tissent fugacement dans cet
album.
Un autre moment fort arrive en fin d'histoire, lors du tirage au sort. Je n'en révèle pas plus, mais
le suspense est insoutenable, grâce à une mise en image exemplaire, et où chaque détail compte
dans les expressions, le cadrage, etc. De sorte qu'on ressent fortement les émotions humaines à ce
moment là.
Outre ce travail sur les difficultés « psychiques » des personnages, il ne faut oublier
l'environnement. La jungle amazonienne est sans pitié. La moiteur, les animaux, les nuits froides,
la faim... Van Hamme ôte tout confort, et c'est une donnée essentielle pour comprendre, une fois
de plus, les différents comportements de chacun. La jungle est un personnage à part entière, sorte
de monstre sans tête omniprésent, et dont on ne sort pas indemne, quoi que puisse être l'issue.
Enfin, le travail de Dany et remarquable, et colle parfaitement à ce qu'a voulu raconter Van
Hamme.
A des années d'Olivier Rameau, et de ses dessins féeriques, le dessinateur fait dans le sombre, le
chargé. On y croit. On sent la crasse, l'appétit jamais satisfait, l'angoisse... le désespoir. Sans
forcément avoir de l'empathie, on ne peut s'empêcher de souffrir avec eux, d'autant plus qu'on
n'entrevoit même pas l'espoir, alors que celui-ci existe réellement. Même la fin ne peut être
satisfaisante, parce qu'une telle épreuve ne peut que laisser des séquelles.
C'est donc à un grand thriller que l'on a affaire. Un modèle du genre, soigné aux petits oignons.
Une oeuvre un peu méconnue, mais réellement culte, du moins dans le cercle des amateurs
éclairés. Tellement culte qu'une suite fut produite vingt ans plus tard, revenant sur l'après. Bien
que sympa, cette suite fait un peu fan-service, même si certains points obscurs de ce premier
volet y sont éclaircis. En attendant, je vous r