Shingeki no Kyojin, ou l’attaque des Titans en français (ce qui sonne moins classe, quand même)
n’est également pas un modèle de gaieté, mais sa qualité est à cent coudées au-dessus du manga
présenté plus haut.
Ce n’est pas tout à fait la fin du monde... Mais on peut la voir d’ici. En effet, l’humanité a été
allégrement décimée, sa civilisation réduite à une grande ville comportant trois gigantesques
murs circulaires et concentriques, ainsi qu’une poignée de villages dans la région limitrophe.
La raison se trouve dans le titre : les titans ont progressivement annihilé les principautés
humaines, les renvoyant à une technologie moyenâgeuse dans le même coup. Loin d’être des
monstres pareils à ceux des anciens mythes grecs, ils n’en restent pas moins des adversaires
formidables de par leur seule taille, et leur capacité à régénérer les parties endommagées de leur
organisme.
De tailles différentes, souvent d’allure grotesque et n’aimant rien de moins que dévorer les
humains, ils possèdent tout de même un point faible : leur nuque. Frapper à cet endroit permet
de les oblitérer facilement.
C’est pourquoi tout un corps armé est équipé des three-dimensional gears, matériel qui leur permet
d’évoluer dans les airs et entre les bâtiments/arbre à la Spiderman.
L’histoire se centre (mais pas uniquement) sur Eren et sa soeur, Mikasa, l’une étant une
combattante d’exception contre les titans, l’autre développant une capacité qui pourrait bien
représenter un des seuls espoirs de l’humanité.
Car après un siècle, les titans, eux, semblent de retour pour terminer le travail...
Car si Shingeki no kyojin capture parfaitement quelque chose, c’est bel et bien le grand sentiment
de lutte désespérée qui plane sur ces vestiges de l’humanité, contre un adversaire plus fort, plus
nombreux, dont on ignore les origines précises, et qui jamais ne semble s’arrêter. Le manga n’est
pas économe en moments poignants, qui, au contraire de BioMeat ou autres oeuvres de calibre,
sont bien exécutés. L’auteur prend le temps et la peine de pouvoir nous faire nous attacher à une
multitude de personnage, et les drames qui surviennent régulièrement - ici, il n’y a pas
d’immunité narrative - n’en ont que plus de prise sur le lecteur.
Si, bien entendu, les combats occupent une belle part dans cette oeuvre, ils n’en sont pas le focus
principal comme c’est le cas dans d’autres shônen. Outre les personnages travaillés, c’est bien le
destin de la dernière enclave humaine qui saura tenir en haleine le lecteur. Isayama sait
parfaitement jouer avec le suspens et maintenir un sentiment de mystère intense par rapport aux
titans, les retournements de situation et les intrigues ne manquent pas.
Ne serait-ce qu’avec l’Eglise du Mur, qui semble bien en savoir beaucoup sur le fléau de
l’humanité, mais est tenue par un serment l’empêchant de dire quoi que ce soit...
Shingeki no kyojin est donc une histoire finalement très humaine, bien vraisemblable dans le
contexte choisi, un shônen comme on aimerait en voir plus souvent, qui a enregistré un succès
mérité, la qualité graphique de l’oeuvre n’y étant pas non plus étrangère.
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