PixaRom numéro 1 octobre 2013 | Page 64

Le Cycle de Tschaï Jack Vance est un grand bonhomme, pas de doute. Anciennement marin, il a acquis un goût du voyage qui se ressent avec plaisir dans ses livres. Le cycle de Tschaï est en effet l’histoire d’un grand voyage, celui d’Adam Reith, échoué sur Tschaï après une mission de reconnaissance ayant mal tourné. Ils avaient en effet reçus un appel radio de cette planète, mais même avec des vaisseaux allant plus vite que la lumière, il a fallu deux siècles pour que les ondes parviennent aux terriens, et lorsqu’ils s’y rendent, la situation a considérablement changée ! Capturé par une tribu d’humains, apprenant la langue locale (un détail souvent négligé dans les histoires de SF), Adam a un but simple : acquérir ou construire une fusée pour retourner sur la Terre. Chaque livre de la quadrilogie représente un pan de cette entreprise, le confrontant chaque fois à une nouvelle race non-humaine de Tschaï : les féroces Chasch bernant leurs serviteurs, les ésotériques Wankh s’exprimant en harmoniques, les arrogants Dirdir adorant chasser les autres espèces, et les mystérieux Pnume vivant sous la terre. Avec une remarquable sobriété - chaque volume tourne autour des 200 pages, format poche Vance parvient à nous transporter dans une aventure pleine d’exotisme, avec une véritable sensation de voyage, ses découvertes et ses périls. Il ne perd pas de temps en longues descriptions, en dialogues interminables ; si les récits ne sont pas pour autant de l’action pure, il n’y a pas de temps mort. Les pages se tournent sans qu’on y pense, accompagnées par des personnages charismatiques, comme l’homme-Dirdir accompagnant Adam, refusant de croire que sa race est originaire de la Terre, plein de pédanterie et de componction mais fidèle à ses amis et rusé. De la ruse, il en faut - et Reith en a - car on retrouve une thématique typique de Vance, à savoir que Tschaï est un monde où presque tout le monde cherche à duper, spolier et gruger son prochain tant qu’il ne fait pas partie de ses amis. Adam et ses compagnons devront donc ponctuellement faire montre d’ingéniosité pour déjouer toutes ces personnes ne désirant rien de mieux que les escroquer et retourner la situation en leur faveur. Vigilance constante ! Ajoutez à ces fourberies et au reste une pincée de romance, un style savoureux, quelques brins de mystère, et vous obtiendrez une petite saga sans complexité mais avec une ambiance géniale. 64