Le Cycle de Tschaï
Jack Vance est un grand bonhomme, pas de doute. Anciennement marin, il a acquis un goût du
voyage qui se ressent avec plaisir dans ses livres. Le cycle de Tschaï est en effet l’histoire d’un
grand voyage, celui d’Adam Reith, échoué sur Tschaï après une mission de reconnaissance ayant
mal tourné.
Ils avaient en effet reçus un appel radio de cette planète, mais même avec des vaisseaux allant
plus vite que la lumière, il a fallu deux siècles pour que les ondes parviennent aux terriens, et
lorsqu’ils s’y rendent, la situation a considérablement changée !
Capturé par une tribu d’humains, apprenant la langue locale (un détail souvent négligé dans les
histoires de SF), Adam a un but simple : acquérir ou construire une fusée pour retourner sur la
Terre. Chaque livre de la quadrilogie représente un pan de cette entreprise, le confrontant chaque
fois à une nouvelle race non-humaine de Tschaï : les féroces Chasch bernant leurs serviteurs, les
ésotériques Wankh s’exprimant en harmoniques, les arrogants Dirdir adorant chasser les autres
espèces, et les mystérieux Pnume vivant sous la terre.
Avec une remarquable sobriété - chaque volume tourne autour des 200 pages, format poche Vance parvient à nous transporter dans une aventure pleine d’exotisme, avec une véritable
sensation de voyage, ses découvertes et ses périls. Il ne perd pas de temps en longues
descriptions, en dialogues interminables ; si les récits ne sont pas pour autant de l’action pure, il
n’y a pas de temps mort. Les pages se tournent sans qu’on y pense, accompagnées par des
personnages charismatiques, comme l’homme-Dirdir accompagnant Adam, refusant de croire
que sa race est originaire de la Terre, plein de pédanterie et de componction mais fidèle à ses amis
et rusé.
De la ruse, il en faut - et Reith en a - car on retrouve une thématique typique de Vance, à savoir
que Tschaï est un monde où presque tout le monde cherche à duper, spolier et gruger son
prochain tant qu’il ne fait pas partie de ses amis. Adam et ses compagnons devront donc
ponctuellement faire montre d’ingéniosité pour déjouer toutes ces personnes ne désirant rien de
mieux que les escroquer et retourner la situation en leur faveur.
Vigilance constante ! Ajoutez à ces fourberies et au reste une pincée de romance, un style
savoureux, quelques brins de mystère, et vous obtiendrez une petite saga sans complexité mais
avec une ambiance géniale.
64