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Hier, c’était vendredi 13. Comme la superstition le dit « ne
croise pas de chat noir, ne passe pas sous une échelle et ne brise
pas de miroir ce jour là, où le malheur s’abattra sur toi ». Puis
Paris a croisé des terroristes vêtus de noir. Paris est passé sous
l'échelle de la cruauté et de l’horreur. Paris a eu des miroirs et
des cœurs brisés par les balles de ceux qui n'ont comme langage
que la mort et la violence. Paris sombra cette nuit-là.
Dans le noir profond de cette
journée de novembre, on aperçoit
un unique lampadaire, solitaire,
essayant désespérément d’éclairer
cette funèbre après-midi. Il gît la,
immobile,
scrutant
l’horizon,
regardant le temps qui passe et
observant les rares passants. Sa
flamme dorée laisse à ceux qui l’examinent une sensation
d’impuissance, mais elle représente aussi, dans le cœur des
témoins, l’humanité elle-même qui essaye d’illuminer notre
monde face à la noirceur de la société. Devant ce boulevard sans
vie, notre attention est portée vers l’unique café ouvert. Depuis
la rue, seule la terrasse est visible et les quelques courageux
attablés dehors.
Le vide sinistre de ce grand boulevard laisse la possibilité à
chacun de le fixer, le scruter, l’épier, à la recherche de réponses
à des questions non formulées et à des interrogations indéfinies.
Chacun cherche en tâtonnant les réponses à ses interpellations
en dévisageant le néant. Cette investigation intérieure nous
oblige à regarder au plus profond de nous-même et contempler
nos craintes les plus féroces et les plus redoutables. Cet
inquiétant travail sur sa personne nous impose de regarder la
menace en face, droit dans les yeux. L’angoisse et le désarroi qui
vous touchent, à l’instant même où vous entrez en vous, agitent
et désordonnent votre pensée. Soudain, vous êtes immergés dans
vos frayeurs les plus extrêmes et les plus abstraites. La terreur
vous agrippe alors à la gorge.