PALESTINE Mémoires de 1948 - Jérusalem 2018 | Page 49
Avec le célèbre dramaturge Saadallah Wannouss et le
romancier ‘Abd al-Rahman Mounif, nous avons lancé
une grande revue culturelle : Qadiyat wa Shehadat
(« Problèmes et Témoignages »).
Lors d’un voyage à Amman en 1993, j’ai retrouvé
Mahmoud Darwich, qui m’a invité à prendre part à la
renaissance de sa revue Al-Karmel. J’ai travaillé avec lui
pendant dix ans. Ce furent des années extraordinaires,
car j’étais dans mon élément : dans chaque numéro
j’écrivais un dossier, soit sur le patrimoine, soit sur la
littérature, soit sur la mémoire collective palestinienne.
Nous avons même publié un livre de 300 pages à partir
des meilleurs articles d’Al-Karmel intitulé La Mémoire
1. Feissal Darraj souligne que la période de
combats allant de 1936 à 1939 appelée thawra
en arabe, la « Révolution », est traduite dans les
livres à l’étranger, « la Révolte ». Alors que tous
les Palestiniens l’appellent « la Révolution » et
non « la Révolte ». En utilisant le terme révolte,
la personne qui l’emploie donne une dimension
négative à ce qui s’est passé.
2. Henry Laurens, L’Accomplissement des pro-
phéties, p. 73, raconte qu’Abd al-Qadir al-Hus-
seini, héros de la Grande Révolte de 1936-1939
et, surtout, de la guerre de 1948, commandait
une milice, Al-Jihad al-Muqaddas, formée offi-
ciellement le 25 décembre 1947 pour protéger
les villages des attaques sionistes (p. 32 et 46).
3. Bint-Jbeil, au Sud-Liban, est une localité
à majorité chiite. Détruite et occupée par les
forces israéliennes à plusieurs reprises, elle sera
le théâtre de l’une des principales batailles du
conflit israélo-libanais de 2006.
4. Al-Quneitra est une région du plateau du
Golan.
5. En 1948, la Syrie est une jeune république qui
vient d’obtenir son indépendance cinq ans plus
tôt. On compte environ 75 000 Palestiniens ré-
fugiés en Syrie en 1949. Voir Jalal Al Husseini,
« Les réfugiés palestiniens de Syrie ». Afkar/Idées,
Madrid CEU,- Estudios de Politica Exterior/Ins-
tituto Europeo del Mediterraneo, 2013, p. 20-26.
6. Voir Jalal Al Husseini, « Le statut des réfu-
giés palestiniens au Proche-Orient : facteur de
maintien ou de dissolution de l’identité natio-
des vaincus. Darwich savait mon intérêt pour la ques-
tion de la mémoire, sans laquelle il n’y a ni histoire ni
avenir.
Depuis vingt ans j’ai vécu en Syrie puis en Jor-
danie 16 . J’ai passé ma vie en exil. L’exil, c’est avoir
continuellement une résidence provisoire, c’est perdre
tout sentiment de sécurité, c’est être inquiété en per-
manence. Je suis un réfugié depuis 1948, depuis sept
décennies, un homme dont l’existence a été confisquée.
Un homme invalide. Ma seule consolation, c’est de
savoir que l’homme invalide a le pouvoir de méditer
sur la beauté de la lune.
nale palestinienne ? », dans l’ouvrage collectif
Les Palestiniens entre État et Diaspora – Le temps
des incertitudes, Paris, Karthala, 2011, p. 37-65.
L’auteur souligne la solidarité de l’État syrien,
depuis 1948, à l’égard des réfugiés palestiniens,
sachant, cependant, que ceux-ci ne représentent
que 2,7 % de la population syrienne. Ils consti-
tuent 10 % de la population totale au Liban et
43 % de la population jordanienne en 2003
(chiffre divulgué par le Premier ministre jorda-
nien).
7. Henry Laurens, « Comment l’Empire ot-
toman fut dépecé », Le Monde diplomatique,
avril 2003, p. 16-17.
8. Olivier Compagnon, « Balfour (Déclaration,
1917) », dans Encyclopædia Universalis, signale
que le 2 novembre 1917 Arthur James Balfour
adressait une lettre à Lord Rothschild, président
de la Fédération sioniste de Grande-Bretagne, où
il promet la création d’un foyer national juif en
Palestine. Le gouvernement britannique obtient
grâce à ce document le soutien des banques juives
d’Angleterre et des États-Unis dans le contexte de
la Première Guerre mondiale qui nécessite une
mobilisation croissante de fonds. La déclaration
s’inscrit cependant en contradiction avec les en-
gagements pris auprès des nationalistes arabes qui
revendiquent un grand État indépendant (accords
Hussein-McMahon en 1915) et surtout avec les
accords Sykes-Picot de 1916 qui prévoyaient la
mise sous tutelle internationale des possessions
ottomanes au Moyen-Orient.
9. L’OLP est créée le 28 mai 1964.
10. Au Caire, Yasser Arafat et Abou Iyad créent
l’Association des étudiants palestiniens qui de-
viendra l’Union générale des étudiants palesti-
niens (GUPS) en 1959.
11. Pour en savoir plus, voir l’autobiographie
d’Anis Sayegh, Anis Sayegh an Anis Sayegh,
Beyrouth (Liban), Riad al-Rayyes, dont une
recension a été publiée dans le British Journal
of Middle Eastern Studies (2011, vol. 1, p. 455-
458).
12. Shu’un Filastiniya, sera dirigée par Anis
Sayegh de 1964 à 1974. La revue, publiée en
arabe, aura plusieurs directeurs jusqu’en 1993.
13. Thèse de doctorat en philosophie de Feissal
Darraj sous la direction d’Alain Guy, Université
Toulouse-Jean Jaurès, 1974.
14. Mahmoud Darwich est le plus célèbre poète
palestinien et l’un des poètes arabes contempo-
rains les plus significatifs. À 19 ans, en 1960,
Darwich publie son premier recueil de poésie,
Asafir bila ajniha (« Les oiseaux sans ailes »).
15. Pour l’histoire politique du Liban, voir Ro-
ger Azzam, Trente ans de guerre, L’Instruction
d’un crime, Le Coudray-Macouard (49), Chemi-
nements, 2005, p. 323.
16. Jalal Al Husseini et Kamel Doraï, « La
vulnérabilité des réfugiés palestiniens à la lu-
mière de la crise syrienne », Confluences Méditer-
ranée, vol. 87, n° 4, 2013, p. 95-107.
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