PALESTINE Mémoires de 1948 - Jérusalem 2018 | Page 117

quoi nous nourrir, la vie n’était pas chère à l’époque. Au bout d’un an, j’ai été transféré au camp de Souf, tout près des ruines romaines de Jérash, qui avait ouvert pour accueillir essentiellement les réfugiés de Cisjordanie et j’y ai enseigné pendant quatre ans 34 , puis nous avons été déplacés au camp de Jérash, connu sous le nom de camp de Gaza à cause des 97  % de réfu- giés venant de là-bas. Ce qui comptait, je l’avais appris en migrant d’un camp à l’autre, c’était d’avoir une bonne moralité, d’être respectueux et de transmettre ces valeurs aux jeunes. Je me suis donc mis à chercher des fonds pour aider les pauvres et les orphelins, très nombreux autour de nous, et pour financer la réhabi- litation d’écoles dans le camp. En plus de mon métier d’instituteur de l’Unrwa dans les classes de primaire et du collège, j’ai commencé à chercher des donateurs et des associations caritatives. Aujourd’hui, nous sommes fiers d’avoir trouvé du soutien 35 pour quatre écoles publiques, deux pour les filles, deux pour les garçons 36 . L’éducation est la base de tout. Elle m’a permis de penser par moi-même, de m’informer, d’éduquer à mon tour, d’être respecté. Elle a joué un rôle central dans la construction d’une idée de libération de la Palestine. C’est peut-être pour ça que les autorités israéliennes ont fermé des écoles dans les territoires occupés suite à la Première Intifada de 1987 37 . C’est aussi pour cela qu’Israël contrôle sans cesse le contenu des manuels des écoles palestiniennes, y compris celles de l’Unrwa 38 . L’éducation, c’est l’outil d’émancipation des pauvres et des victimes. C’est notre plus grande richesse, même si elle est invisible. Pour autant, la vie du camp de Gaza à Jérash n’a jamais été facile, loin de là. Il existe une différence de taille entre les réfugiés de Cisjordanie et nous, ceux de Calligraphe de rue Salaheddin MEMOIRE_PALESTINE_FR.indd 115 115 20/02/2019 13:38