LOBBY |
| Lobby du sucre : l ’ Etat peut-il garantir l ’ intérêt général ?
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| Lobby du sucre : l ’ Etat peut-il garantir l ’ intérêt général ?
De nos jours , le sucre se cache dans presque tous les produits issus de l ’ industrie agro-alimentaire : la vinaigrette , les plats préparés ... Mais quel rôle peut jouer l ’ Etat face à cette invasion du sucre dans notre vie ?
La notion d ' intérêt général n ’ est applicable que pour un groupe d ' individus membres d ' une communauté qui s ’ inscrit dans “ l ' intérêt du bien commun ”. ( 1 ) Il est du ressort de l ' État d ’ assurer à ses citoyens ce principe général en engageant des actions contraignantes ou informatives à tous ceux sur lesquels s ' exerce son autorité et de faire prévaloir ce principe sur les intérêts individuels .
Le sucre permet de relever le goût des aliments : il est donc très largement utilisé par les industries agro-alimentaires . Aujourd ’ hui , la consommation mondiale de sucre s ' élève à 170 millions de tonnes dont 4,7 millions de tonnes sont issues de la seule production de sucre de betterave française pour un chiffre d ’ affaires de 3,5 milliards d ’ euros ! ( 2 ) Le marché du sucre est donc en excellente santé ... Mais la santé des consommateurs se porte-elle aussi bien ? Et bien non ! En effet , les troubles métaboliques liés à une alimentation trop riche en sucres ont un impact sanitaire énorme et provoquent plus de 35 millions de morts par an dans le monde , soit davantage que les maladies infectieuses . ( 3 ).
Addiction au sucre e
Il y a une centaine d ’ années ( 4 ) les français ne consommaient que 15 kg de sucre par an , maintenant ce chiffre se rapproche 40 kg par an et par personne . Mais pourquoi en consomment-on autant ? Avec l ’ avancée des sciences neurologiques de nouvelles explications peuvent être trouvées en matière d ’ attrait du sucre chez le consommateur . Ainsi , la neurobio psychologie ( étude des réactions du cerveau selon les stimulations olfactives , gustatives , auditives , visuelles , environnementales et sociétales ) permet de tirer des conclusions quant à l ’ addiction au sucre . En effet , le cerveau possède une zone dédiée à ce type de stimulation appelée « noyau accumbens » ou encore système de récompense qui est directement lié aux stimuli associés aux activités procurant du plaisir . Les chercheurs ont aussi trouvé des capteurs dédiés au sucre sur la langue reliés au système de récompense du cerveau . Le problème principal est qu ’ aujourd ’ hui ces capteurs étant stimulés auprès d ’ enfants jeunes , avec des quantités importantes de sucre , le seuil pour atteindre le plaisir adulte est atteint après une très grande quantité de sucre ingérée . Les hommes sont bien loin capteurs sont stimulés tôt chez l ’ humain ; les jeunes enfants consomment des quantités importantes de sucre . Il n ’ est alors possible d ’ atteindre le plaisir une fois adulte qu ’ après avoir ingéré une encore plus grande quantité de sucre . Les hommes sont loin d ’ être les seuls tributaires de ce comportement addictif . En effet , une expérience sur les rats , leur proposait de choisir entre des injections de cocaïne et d ’ eau sucrée ; 95 % ont choisi l ’ eau proposait de choisir entre des injections de cocaïne et d ’ eau sucrée ; 95 % ont choisi l ’ eau sucrée . L ' expérience a été refaite après une période de cocaïnomanie provoquée et les résultats étaient les mêmes ( 5 ).
De nombreuses organisations en faveur du sucre Plusieurs organisations internationales de lobbying du sucre existent comme la « Sugar Association » qui représente l ’ industrie du sucre aux USA . Ses objectifs sont de soutenir des recherches scientifiques en faveur du sucre et de démontrer l ’ importance que joue le sucre dans l ’ équilibre alimentaire et nutritionnel des consommateurs . En France , le CEDUS ( Centre d ’ études et de documentation du sucre ) se fait le porteparole du secteur de la filière betteravecanne-sucre à destination du grand public . Ce centre propose des outils de communication sous plusieurs formes ( vidéos , audios , numériques , ...), promeut les manifestations et assure une veille documentaire au sujet du sucre . ( 6 ).
Dans ce cadre , le CEDUS tente de contrecarrer les arguments développés dans les médias ( magazines , radios , médias sociaux , ...) issus d ’ études scientifiques e affirmant un lien direct entre consommation de sucre et conséquences néfastes pour la santé .
Une désinformation de masse En 1967 , la « Sugar Research Foundation » ( SRF ), obby sucrier américain , a payé 3 chercheurs d ’ Harvard à hauteur de 50 000 $ pour conduire une étude sur le gras , le sucre et maladies du cœur . ( 7 ) Les conclusions de cette étude , relayées dans les magazines scientifiques , minimisaient le lien entre le sucre et et les problèmes cardiaques en accusant directement le gras . Les conclusions de cette étude ont eu un impact pendant près de 50 ans en focalisant les consommateurs et les pouvoirs publics sur la consommation excessive de gras en occultant les risques liés à celle du sucre . Encore aujourd ’ hui , les industries agroalimentaires continuent d ’ influencer les recherches scientifiques à l ’ exemple de Coca-Cola qui a provisionné 1 million de dollars , en 2015 , pour contrer les arguments liant consommation de soda et obésité . ( 8 )
Les publicités issues des industries agroalimentaires vantant les mérites du sucre continuent de fleurir sur nos écrans . L ’ exemple le plus parlant est celui de la marque « DADDY » qui propose , actuellement , aux consommateurs un sucre à l ’ allure plus sexy et qui , via la publicité , dédramatise les effets de la surconsommation de sucre . Cette publicité est mise en scène comme un clip de rap américain .
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