Analyse
De nouvelles formes contractuelles
Mais ces fournisseurs historiques se préparent déjà à l ’ adaptation et à la concurrence qui va être générée . La première compagnie qui a commencé à développer une certaine flexibilité a été Gazprom . Dès l ’ année 2012 et sous la pression des acheteurs , elle a accepté de baser en partie les prix du gaz naturel fourni aux compagnies européennes à travers les contrats à long terme sur le prix du marché spot qui était inférieur aux prix indexé sur le prix du pétrole . Ce qui a donné lieu à une indexation hybride . Gazprom a initié plusieurs négociations avec ses acheteurs pour réviser les contrats après le lancement de procédures d ’ arbitrage . En 2014 , Gazprom signe un contrat avec le Groupe italien ENI pour une révision des termes de leurs contrats gaziers avec notamment un changement de l ’ indexation des prix du gaz naturel . Toutefois , concurrence oblige , les détails de ces révisions ne sont pas rendus public . Statoil n ’ est pas en reste puisque elle a annoncé publiquement que si « Traditionnellement , la majeure partie du gaz de Statoil a été vendue par des contrats à long terme aux grandes sociétés et fournisseurs européens de gaz et qu ’ en l ’ absence d ’ un prix de marché distinct pour le gaz , le prix de vente a souvent été indexé sur le prix du pétrole , ces dernières années , la libéralisation des marchés a contribué à la rupture des chaînes de valeur traditionnelles en Europe .» Toujours selon Statoil et dans la mesure où « le réseau de transport a été ouvert à l ’ utilisation à des conditions égales pour tous . Cela nous a donné de nouvelles opportunités sur ce marché . Nous vendons maintenant une part croissante du gaz dans les marchés établis pour le commerce du gaz - les hubs - ainsi que directement pour les utilisateurs finaux .». Statoil a estimé que « grâce à des négociations commerciales avec nos homologues , nous avons modernisé la plupart de nos contrats à long terme et progressivement nous nous sommes éloignés de l ’ indexation du pétrole . Le prix du gaz est maintenant directement lié au prix sur les places de marché .».
De grandes négociations pour de nouveaux contrats
Plusieurs négociations ont déjà eu lieu ou sont en cours pour la révision des contrats gaziers . La concurrence qui caractérise ce marché fait que les informations ne sont pas rendues publiques . Récemment encore et à l ’ occasion du 24 février dernier , la Sonatrach par la voix de son P-DG , Amine Mazouzi , a annoncé qu ’ elle allait réviser les contrats de vente de gaz naturel à long terme et ce , à la demande de ses clients . Cette révision portera sur la durée qui sera ramenée de 10 à 15 ans au lieu de 25 ans . Toujours selon son P-DG , Sonatrach va avoir deux stratégies pour le marché à long terme et pour le marché spot avec le renforcement de sa position sur le marché européen et de nouveaux marchés . La non référence à la question des prix du gaz vendu est liée toujours à la concurrence . Il est rare dans ce cas-là qu ’ une compagnie révèle le prix négocié . Avec le développement du GNL , le marché gazier tend à devenir plus liquide qu ’ auparavant . Les transactions commerciales qui ont cours sur le marché s ’ adaptent aussi , même si des facteurs de sécurisation devront être sauvegardés , comme la garantie de l ’ approvisionnement et un prix rémunérateur qui permettra à l ’ industrie gazière de se développer car elle est porteuse de la transition énergétique . Le marché gazier qui s ’ est formé depuis plusieurs décennies grâce à des contrats particuliers qui sécurisaient l ’ approvisionnement des consommateurs et permettaient aux producteurs-exportateurs d ’ investir à long terme est en passe de devenir liquide et concurrentiel surtout avec l ’ arrivée du gaz de schiste américain . Les exportateurs sont en train de s ’ adapter pour trouver de nouvelles formules qui ne remettent pas en cause les investissements à venir pour garantir l ’ approvisionnement surtout que le gaz naturel va être la principale énergie qui permettra une transition énergétique à l ’ horizon 2050 . •
18 / OIL & GAS business / NUMÉRO 23 / mars 2017