CONJONCTURE
Jean-Pierre Favennec
Président de l ’ Association pour le Développement de l ’ Energie en Afrique . DG de l ’ Institut Africain de l ’ Energie
« L ’ objectif des autorités algériennes est de maintenir une production substantielle grâce aux efforts de Sonatrach »
Entretien réalisé par Youcef MAALLEMI
Oil & Gas Business : Quel regard portez-vous sur la situation actuelle du marché pétrolier en Afrique ?
Jean-Pierre Favennec : Du côté de la production , la chute du prix du baril de plus de 100 à moins de 50 dollars par baril complique beaucoup la situation des pays producteurs . Les quatre grands pays producteurs : Algérie , Libye , Nigéria , Angola dépendent à 90 % au moins du pétrole et du gaz pour financer leurs importations et leur budget . La situation est donc délicate en particulier pour les pays les plus peuplés . A l ’ inverse la baisse du prix du pétrole est une aubaine , une bouffée d ’ oxygène pour les pays consommateurs qui devaient souvent dépenser plus de 10 % de leur richesse pour acheter le pétrole nécessaire . Un ( léger ) surplus de croissance devrait en résulter . Si l ’ on considère néanmoins globalement le continent , il est probable que la baisse du pétrole aura , je le répète globalement , un léger effet déflationniste du fait de la diminution des investissements .
La baisse des prix ne va pas affecter significativement la production pétrolière car les coûts de production dépassent rarement 40 dollars par baril .
Selon vous , qu ’ est ce qui va changer avec la baisse des prix de l ’ or noir ?
La baisse des prix ne va pas affecter significativement la production pétrolière car les coûts de production dépassent rarement 40 dollars par baril . Mais les projets de mise en production de nouveaux gisements , qui attendaient un feu vert pour démarrer , risquent d ’ être retardés car la rentabilité de ces projets est bien entendu bien inférieure à 50 dollars qu ’ à 100 . La baisse des prix du pétrole va permettre aux pays qui subventionnaient largement les produits énergétiques de réduire ces subventions et d ’ alléger la charge qui pesait sur leur budget . Le cas de l ’ Egypte est éclairant : les subventions au gaz , à l ’ électricité , aux carburants représentaient plus de 10 % du budget . La baisse des prix ( et la découverte d ’ un nouveau gisement de gaz ) vont largement améliorer la situation
D ’ après certains spécialistes , il n ’ y aura plus de pétrole dans 40 ans , peut-on connaitre votre point de vue ?
Les réserves prouvées de pétrole ( réserves identifiées que l ’ on peut produire dans les conditions actuelles ) repré-
18 / OIL & GAS business / NUMÉRO 08 / octobre 2015