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Industrie pétrolière
Mourad Preure : « La baisse des cours est conjoncturelle »
Par Kaci Djerbib
La baisse des prix du brut est conjoncturelle , « même si ce choc baissier peut durer plus longtemps que les chocs précédents » et les cours réintégreront leur tendance haussière , à court terme , car déjà le rééquilibrage du marché a commencé , a déclaré en substance le Dr Mourad Preure , expert pétrolier international et Président-Fondateur du cabinet Emergy International Strategic Consulting ( EISC , Alger ), qui intervenait , le 22 septembre dernier , aux « Matinales de CARE ( Cercle d ’ action et de réflexion autour de l ’ entreprise ) », sur le thème : « La scène énergétique internationale , incertitudes , risques et opportunités pour l ’ Algérie . » Le conférencier a analysé les soubresauts de la crise pétrolière , enregistrés depuis juin 2014 avec une baisse drastique des cours passés de 105 dollars le baril à moins de 50 dollars actuellement , et principalement ses conséquences sur les économies des pays producteurs de pétrole , dont l ’ Algérie . Pour l ’ invité de CARE , le choc baissier de l ’ été 2014 revêt plusieurs raisons qui constituent « un faisceau de facteurs convergents qui bouleversent le marché pétrolier », dont l ’ excédent d ’ offre provenant des huiles de schiste américaines alors que l ’ OPEP dépassait déjà son plafond de production de 1mbj , la forte progression du dollar , une surproduction de certains pays de l ’ OPEP , principalement l ’ Arabie Saoudite , etc . Le facteur dominant restant le fléchissement de la demande par rapport à la dynamique de l ’ offre . « Ces facteurs déterminants interviennent dans un contexte de ralentissement de l ’ économie mondiale dont la croissance a été de 3 % en 2014 », explique le Dr Preure . Soulignant que « la perspective d ’ une dynamique de demande reste encore lointaine ». « La baisse de 50 % en une année n ’ a pas stimulé la demande comme attendu ni réellement fait sortir du marché les pétroles coûteux américains », relève l ’ expert , qui annonce pire encore : du côté de la demande , la baisse est même sensible .
INQUIETUDES SUR LA DEMANDE
Selon les conclusions d ’ une étude de EISC , la demande chinoise n ’ augmenterait , en 2015 , que de 0.3 mbj contre 1 mbj il y a cinq ans , tandis que la croissance de la demande américaine reste limitée ( 0.2-0.3 mbj ) et la demande européenne poursuit son cycle de stagnation . Quant aux pays émergents , ils ne sont plus pour le moment le moteur de l ’ économie mondiale , toujours selon la même étude qui considère que c ’ est là « le vrai problème », même si la reprise attendue en Asie « pourrait absorber les surplus pétroliers ». La scène pétrolière étant particulièrement « convulsive » avec un choc baissier sévère et un jeu d ’ acteurs très agressif , du fait même d ’ un excédent d ’ offre de pétrole et d ’ un ralentissement de la demande , le conférencier s ’ interroge sur ce que sera l ’ année 2016 avec une croissance économique qui devrait être de 3.8 % , contre 3 % en 2015 et 5 % en moyenne les cinq années précédant la crise de 2008 , selon l ’ OCDE . L ’ AIE , pour sa part , chiffre la demande de pétrole à 94.4 mbj en 2015 , 95.8 mbj en 2016 , soit une hausse de 1.4 mbj . L ’ OPEP prévoit de son côté une hausse de la demande de 1.6 mbj en 2016 . Selon ces études , la production des pays Non- Opep augmenterait modérément alors que la production américaine ( principalement les pétroles de schiste ) montre déjà les premiers signes de ralentissement . Cet optimisme des prévisions de demande est justifié par deux facteurs : une croissance économique raffermie et des prix bas . Pour l ’ ancien conseiller chargé de la prospective , de la stratégie et du développement technologique auprès du P-DG de Sonatrach et professeur de stratégie et de géopolitique de l ’ énergie « le rééquilibrage du marché a commencé », avertissant toutefois qu ’ il « sera long ». Mourad Preure indiquera par ailleurs que les incertitudes « sont
14 / OIL & GAS business / NUMÉRO 08 / octobre 2015