Oil&Gas Buisiness issue volume 19 | Page 28

strategies

le sPectre de lehMan brothers Planait au cic du club des Pins
Si les voix écoutées dans le monde de l ’ expertise pétrolière parlaient d ’ une subrogation de la géopolitique aux fondamentaux du marché lors de cette rencontre , d ’ autres approches parlent de plus en plus du spectre de Lehman Brothers qui a plané le jour de la rencontre du 28 septembre . En effet , la chute accélérée de la cotation de la Deustche Bank , les craintes de voir la réunion de l ’ Opep aboutir comme à l ’ accoutumée depuis 2008 à un désaccord , et les inquiétudes qui s ’ élevaient dans un marché réactif aux moindres soubresauts , ont refroidi les prétentions guerrières de ces deux pays . Le monde financier en ce jour du 28 septembre vivait dans la hantise d ’ un bis-repetita de la faillite de la banque Lehman Brothers , dont le souvenir est venu s ’ ajouter comme l ’ agrégat de trop , au risque d ’ un glissement et d ’ un effondrement des cotations bancaires des majors pétroliers , dans le sillage de celui des actifs financiers .
la Menace de l ’ effondreMent du secteur Pétrolier Mondial
la frilosité du marché financier marqué par la menace de la crise de la Deutsche Bank , la chute des cotations qui s ’ en est suivie , et la peur de voir le marché sombrer dans le cas d ’ un désaccord de l ’ OPEP , ne pouvaient être sans conséquence directe sur la perception par l ’ Arabie Saoudite et l ’ Iran , de l ’ impasse vers laquelle leur refus d ’ un consensus , aurait conduit le monde . Le spectre de la chute des actions du secteur pétrolier dans le sillage d ’ une crise financière , entrainant du coup les prix dans une nouvelle spirale descendante , a tempéré à la baisse les ardeurs
A vouloir « abattre une ��������������������������� l ’ Arabie saoudite en épuisant une à une ses munitions , a commencé à réaliser que même si elle avait réussi à diminuer de moitié le nombre de puits de pétrole et de gaz de schiste en activité sur le sol américain , elle était elle même arrivée au bord de la faillite économique .
des deux antagonistes , conscients qu ’ aucun frein économique ne pouvait intervenir pour stopper cette éventuelle déferlante . Le monde a-t-il évité en cela un armageddon financier ? Sans nul doute car les plus sceptiques sur « ce consensus surprise » de l ’ OPEP , ne pouvaient en cette journée l ’ ignorer ou s ’ en détourner .
la fin de légende de la résilience du schiste aMéricain et la saturation des stocks Mondiaux
Longtemps présenté comme un atout sans retour de la nouvelle stratégie énergétique américaine , la résilience du schiste américain à la chute des prix du pétrole avait étonné et surpris plus d ’ un , mais cette aptitude à faire face avec succès à cet évènement qui s ’ est faite sur la détresse et au détriment des économies des pays producteurs de pétrole conventionnel , a duré le temps qu ’ elle pouvait durer mais les amarres ont fini par céder . Les récents chiffres annoncés par Baker Huges sur le nombre de puits encore en activité , montre en effet que près de la moitié de ceux en exploitation au début de la chute des prix en 2014 , ont fini par fermer , au point où il ne reste dans certains Etats aux USA , aux producteurs du pétrole non conventionnel que la prière pour que les prix remontent enfin . Dans le même temps , la réunion du 15 e Forum International de l ’ Energie avait permis d ’ apprendre via l ’ exposé de Shell que les capacités de stockage de pétrole dans le monde étaient arrivées à leur saturation extrême , et qu ’ il ne subsistaient plus que quelques îlots pouvant encore accueillir ce flot de pétrole à bon prix . Deux agrégats explosifs pour l ’ obligation de la fixation d ’ un nouveau seuil pour les prix , qui pour l ’ Arabie Saoudite ne pouvait que satisfaire un égo de vainqueur dans sa préservation de ses parts de marché , et pour l ’ Iran devoir faire face à une amère réalité , que même dans la pleine capacité de sa production , écouler son produit ne se fera qu ’ avec un prix en deçà de son objectif de relancer sa machine économique bien terne en ces périodes de prix à la traîne .
le concePt de l ’ altérité stratégique
Force est de reconnaître que les deux antagonistes , en acceptant de collaborer sous la pression des événements exogènes décrit ci-dessus , ont aussi fait preuve d ’ un sens de l ’ altérité , propre à chacun . L ’ Arabie Saoudite a fait office de pionnière en la matière , en admettant enfin qu ’ il était du droit naturel de l ’ Iran de revenir vers son quota de production d ’ avant les sanctions internationales qui lui ont été infligées des années durant . Force est de reconnaître aussi que c ’ est à Alger , et cela est son unique mais grand mérite , ainsi que sous l ’ effet conjugué de facteurs exogènes et de paramètres conjoncturels , que la paix et l ’ accord sur un consensus de gel de la production ont pu se réaliser , et qu ’ ils ne pouvaient l ’ être qu ’ entre des adversaires et entre des rivaux . �
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