Oil&Gas Buisiness Issue Volume 14 | Page 38

CONTRIBUTION

Que peut-on espérer de la réunion de Doha ?

Par Nazim Zouioueche , ancien DG de Sonatrach

Aujourd ’ hui , tout le monde attend la prochaine réunion de Doha prévue le 17 avril courant . Or , à quelques jours de cette rencontre , subsistent encore de nombreux points de contradictions . Si d ’ un coté , environ deux mois après la première réunion de Doha qui regroupait , Russie , Venezuela , Arabie saoudite , et Qatar , un grand nombre de membres de l ’ OPEC et plusieurs producteurs non OPEC , se sont prononcés pour un gel de la production à son niveau de février 2016 , afin de limiter l ’ offre sur le marché et de permettre ainsi une remontée des prix ( l ’ Arabie Saoudite conditionnant son accord à une adhésion de

La raison principale évoquée par la plupart des analystes est le déséquilibre des fondamentaux c ’ est-à-dire une offre supérieure à une demande minée par une économie mondiale très fragile .
tous les participants ), d ’ un autre coté , l ’ Iran membre important de l ’ OPEC , déclare qu ’ elle n ’ acceptera un tel accord que lorsque sa production passera de son niveau actuel de 3,1 millions de barils par jour à 4 millions ( augmentant ainsi son exportation à 2 millions de barils par jour ). Remontons aux origines de cette crise , qui a débuté en juin 2014 , avec d ’ abord une lente érosion des prix qui s ’ est accéléré par la suite pour atteindre un seuil critique de 27 $ le baril en janvier 2016 ( rappelons qu ’ en juin 2014 le prix du baril se situait à environ 100 $). La raison principale évoquée par la plupart des analystes est le déséquilibre des fondamentaux c ’ est-à-dire une offre supérieure à une demande minée par une économie mondiale très fragile . De gros producteurs comme l ’ Arabie Saoudite , ont préféré défendre leur part de marché au détriment d ’ un prix de vente de plus en plus faible . Le prétexte , le plus souvent cité , est l ’ arrivée sur le marché de quantités de pétrole de schistes de plus en plus importantes en provenance des USA . Au delà de raisons purement économiques , comme le déséquilibre des fondamentaux , d ’ autres motifs plus en amont ont pu déclencher cette situation ayant abouti à une chute aussi rapide des prix du pétrole .
DESEQUILIBRES
Plusieurs pays producteurs , dont les économies basées essentiellement sur les recettes issues de la vente en l ’ état de leurs hydrocarbures , souffrent de la situation ainsi créée , les poussant à prendre des mesures draconiennes d ’ économie pour sauvegarder leurs équilibres ; c ’ est le cas des pays comme l ’ Algérie , le Nigéria ou le Venezuela pour ne citer que ceux-là . La Russie premier producteur mondial et première réserve de gaz du monde , a subi une crise sans précédent entrainant le cours du rouble à un niveau des plus bas jamais enregistré . Un autre pays ayant souffert de la situation , l ’ Iran tout juste libéré de dix ans de sanctions économiques après l ’ accord sur son programme nucléaire ; ce pays peine à retrouver des recettes lui permettant d ’ améliorer son économie . Aussi doit-on nous interroger sur toutes les raisons ayant mené à cette chute des prix ? Bien sur une offre supérieure à la demande a certainement contribué à créer cette situation ; mais n ’ y a-t-il pas d ’ autres motivations plus géostratégiques ? Est-ce une réponse à la crise ukrainienne qui a suivi le référendum réussi du rattachement de la Crimée à la Russie ? Est-ce une réponse à des tentatives de détrôner le dollar US comme moyen unique de transaction des hydrocarbures ? Est-ce une conséquence des antagonismes Arabie Saoudite-Iran , sur fond d ’ affrontement sunnite , chiite ( conflit en Syrie , conflit au Yémen , situation du Bahreïn ) ?
38 / OIL & GAS business / NUMÉRO 14 / Avril 2016