actualité
La sixième édition du Napec s ’ est tenue du 8 au 11 mars
L ’ Opep au cœur des débats
Le Salon International des fournisseurs de produits et services pétroliers , qui s ’ est tenu du 8 au 11 mars , a drainé de nombreux acteurs du marché pétrolier algérien . Fournisseurs , mais aussi experts et membres de l ’ Exécutif étaient présents , et ont délivré à cette occasion qui leur analyse , qui leur plan d ’ action . Florilège .
Par Zahra Khedim
Sadek Boussena : « L ’ Opep risque de perdre son rôle de régulateur »
Dans une conférence intitulée « où va le marché pétrolier mondial ? », présentée lors du 6 ème Salon international des fournisseurs de produits et services pétroliers et gaziers ( Napec ) qui s ’ est tenu du 8 au 11 mars 2016 , à Alger , l ’ ancien ministre de l ´ Energie et de l ´ Industrie , Sadek Boussena a estimé que l ’ effondrement des cours du pétrole induit par la stratégie saoudienne face à la montée en puissance du gaz de schiste américain , risque d ’ enlever à l ’ Opep toute capacité de réguler le marché à l ’ avenir . En se demandant quels seront les acteurs stratégiques de demain , Sadek Boussena souligne notamment que « les acheteurs , les producteurs , l ´ industrie du pétrole , les banques et les Etats concernés doivent s ´ interroger pour adapter leurs stratégies ». Pour l ’ ancien ministre , la stratégie de l ’ Arabie saoudite , mise en branle dès juin 2014 , a précipité la chute des prix du brut , car elle a fait jouer à l ’ Opep une mission « antinomique » par rapport a la raison de sa création , il y a des décennies , en tant que régulateur du marché . Décortiquant les principaux aspects de la politique pétrolière saoudienne , Sadek Boussena a estimé que la stratégie de défense des parts de marché , dans un contexte géopolitique exacerbé par les tensions dans la région Moyen Orient-Afrique du Nord ( MENA ) a propulsé les principaux pays producteurs dans une crise jamais égalée , soulignant que « le thème de l ’ éclatement de l ’ Etat-nation n ’ a jamais été autant d ’ actualité ». Rappelant la genèse de la chute des prix du pétrole tombés à 25 dollars en janvier dernier , Sadek Boussena souligne que l ’ Arabie Saoudite a « provoqué une guerre des prix » qui a fait l ’ effet d ’ une « bombe » au sein du marché pétrolier . Depuis , « tous les acteurs du marché cherchent à vendre au plus bas et à préserver leurs parts de marché » note l ’ ancien ministre , ancien PDG de Sonatrach et ancien président de l ’ OPEP . Sadek Boussena estime également que « le pacte informel » qui a duré trente années entre l ’ Opep et les pays consommateurs vole aujourd ’ hui en éclats et se répercute sur le monde par un déséquilibre total du marché . Il soulignera qu ’ a son avis ; la stratégie saoudienne peut obéir à deux approches l ’ une « tactique et l ’ autre stratégique ». La première serait donc limitée dans le temps et ramènerait l ’ Arabie saoudite à la table des négociations avec l ’ Iran et les pays non OPEP , alors que la seconde pourrait déséquilibrer le marché pour longtemps car elle signifierait que le royaume saoudien aurait choisi définitivement de faire cavalier seul et d ’ agir en tant que n ’ importe quel producteur privilégiant ses intérêts et ne se préoccupant plus de la cohésion et du poids de l ’ OPEP sur la scène pétrolière . L ’ ancien ministre reste tout de même optimiste estimant que l ’ Arabie saoudite adoptera vraisemblablement une position tactique , ce qui pourrait limiter la volatilité des prix et les contenir dans une fourchette comprise entre 50 et 70 dollars dans les prochains mois . Pour Sadek Boussena , dans tous les cas de figure , l ’ OPEP ne pourra plus jouer , « un rôle aussi percutant » que celui joué depuis sa création et notamment depuis une trentaine d ’ années .
6 / OIL & GAS business / NUMÉRO 13 / mars 2016