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III- Comment structurer notre financement et donc gérer la dette
Il faudrait , d ’ abord , faire une différence entre dette et crédit commercial . Une entreprise comme Sonatrach a les garanties suffisantes pour lever des financements à des conditions acceptables sur le long terme , d ’ autant que la conjoncture actuelle est au taux bancaire assez bas . Cependant , l ’ accès à ces financements exige d ’ abord une bonne gouvernance , à laquelle seule Sonatrach peut encore satisfaire . Le groupe devra de même recourir à des formes de financement moins orthodoxes que les financements actuels . Sonatrach a bien réussi l ’ emprunt obligataire sur le marché national . Cependant , pour réduire l ’ amplitude de sa couverture
Il faut arrêter les investissements non rentables lorsque la ressource financière devient limitée . Il n ’ est pas nécessaire d ’ investir dans de nouvelles raffineries .
de risques , le recours au project financing , devrait être utilisé . C ’ est ainsi que le projet de Hassi R ’ mel a été financé . Cette fois , en amenant la plus grande partie du financement de l ’ extérieur . Il faudrait partager les risques avec des partenaires technologiques qui apportent un marché à l ’ export . Ils apporteront aussi leur part de financement . Cette démarche s ’ appliquerait parfaitement pour le développement de projets pétrochimiques de base , ainsi que pour les projets dans la production d ’ engrais . Les seuls investissements qui n ’ obéissent pas aux règles de commercialité , car non rentables , sont les infrastructures qui resteront les seuls investissements à financer en fonds propres par l ’ Etat , si on veut éviter les crédits externes . Il faut savoir qu ’ il y a d ’ autres options que le recours au FMI . Les banques institutionnelles comme la Banque Africaine de Développement ( BAD ), doivent être mises à contribution . Il est prévu , aussi , un Fonds Maghrébin de financement . Il y a aussi le recours aux crédits concessionnels . Il faut savoir valoriser notre contribution à la BAD et au FMI pour utiliser ces ressources comme levier pour lever des crédits à taux bas comme les crédits concessionnels . En ce qui concerne les projets relevant de ce que nous appelons l ’« économie verte », il y a des mécanismes plus adaptés . Mr Djoghlaf , notre représentant au Plan Changement Climatique , a bien souligné les résultats de la COP 21 . Le financement des énergies renouvelables est aussi possible par des crédits concessionnels , nous avons déjà bénéficié d ’ un crédit de 160 millions de $ à taux bonifié . Cela aurait servi de levier pour financer tout le programme initial de développement des énergies renouvelables à des taux très bas . Le Maroc a bien su utiliser la Caisse de coopération allemande ( KFW ), pour réaliser les centrales solaires d ’ Ouarzazate avec des financements dépassant le milliard d ’ euros … Il faut ajouter à cela les approches recommandées par Mr Djoghlaf , en exploitant au mieux les aides prévues après la COP 21 . Il devient de même évident que pour bénéficier de ces financements , il devient nécessaire de faire appel à des experts dans l ’ engineering financier . Nous disposons , il faut le savoir , de très bons experts à l ’ étranger . Il faut seulement respecter la nécessaire approche globale . Cela consiste à envisager la constitution de technopoles ciblant les secteurs porteurs de la croissance . La réflexion stratégique visera à cerner toutes les ressources nécessaires , permettant d ’ atteindre des objectifs arrêtés pour le secteur concerné . Le résultat sera la mise à disposition des ressources en respectant les principes d ’ une économie verte . Il est bien entendu que le maitre mot restera la bonne gouvernance , afin de crédibiliser la démarche . Il faut faire confiance à nos jeunes pour sortir des sentiers battus avec des idées que seule la jeunesse peut apporter . Il faut préciser que cette démarche exigera la rationalisation de nos dépenses d ’ investissement , ce qui signifie que ne seront retenus que les investissements prioritaires comme définis plus haut . L ’ Etat peut s ’ endetter pour les projets d ’ infrastructures , en utilisant les fonds propres comme levier pour accéder aux crédits concessionnels .
44 / OIL & GAS business / NUMÉRO 13 / mars 2016