rapidement apprises , elle retourne à Atlantic City , où un public tout trouvé l ’ attend . Parmi tous les guides ambigus que Nina a rencontrés au cours de son voyage , il y avait un jeune homme blanc appelé Ted Axelrod ( impossible d ’ imaginer un nom plus blanc et plus droit que ça !), un type qui avait un peu adhéré au style de vie des Beatniks . Il présenta sa collection de disques à Nina , dont l ’ ignorance de la musique populaire n ’ était peut-être pas - ne pouvait sûrement pas l ’ être ? - totale , bien qu ’ elle eût des lacunes surprenantes . L ’ une des voix que Ted lui fit découvrir fit celle de Billie Holiday . Nina , fascinée , dut se rendre compte qu ’ il s ’ agissait d ’ une chanteuse qui n ’ offrait rien en termes de virtuosité pianistique , aucune musicalité manifestement étudiée , mais qui était néanmoins capable de donner la chair de poule à l ’ auditeur rien que par sa façon de rentrer dans un texte . Certaines lignes étaient simplement parlées et il n ’ y avait aucune des vives envolées harmoniques ni la verve rythmique d ’ une Ella Fitzgerald ou d ’ une Sarah Vaughan .
Comme le raconte le biographe de Nina , David Brun-Lambert - bien que cela soit évident au vu de sa discographie ultérieure et de sa carrière en concert - la chanson qui se démarquait vraiment était « I Loves You Porgy ». Cette chanson pouvait difficilement avoir une origine plus complexe et , en 1956 , elle fit l ’ objet d ’ un débat sérieux sur la représentation des vies et des voix noires dans l ’ art . Le compositeur était un juif newyorkais dont la compréhension de ce qu ’ était réellement la vie dans le bidonville de Catfish Row ne pouvait être que théorique et imaginaire . Lors de la sortie de Porgy & Bess en 1935 , George Gershwin fut accusé de perpétrer des « Négrismes chantés par des Blancs déguisés en Noirs » par Duke Ellington luimême . Dans cette chanson , Bess supplie Porgy , un mendiant handicapé du bidonville de Charleston , de la protéger de
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