Rue des Beaux-Arts n° 72 – Juillet/Août/Septembre 2020
amis communs, A. Van Gennep, qu'il croyait se rappeler que je lui
avais apporté moi-même le manuscrit (en anglais et en français) de
ces poèmes en compagnie d'Oscar Wilde. Mais ceci n'est pas
possible ; car mes poèmes parurent aux éditions du Mercure de
France en 1896, alors que Wilde était encore en prison. C'est à
Wilde que je les avais dédiés d'abord ; mais Ross me dit que Wilde
s'y opposait ; par suite, les poèmes furent publiés sans dédicace
aucune.
Un livre récent, dû à Mme Delarue-Mardrus, intitulé Les Amours
d'Oscar Wilde, contenait tant d'erreurs sur moi, manifestement
copiés dans le livre de Frank Harris, Vie et Confessions d'Oscar
Wilde, dont la traduction française a également paru au Mercure de
France, que je dus protester. J'écrivis à Mme Delarue-Mardrus et à
son éditeur Flammarion pour leur demander de retirer l'ouvrage et
d'éliminer les calomnies qui me concernaient. Je vins à Paris, me
rendis chez Mme Delarue-Mardrus, quai Voltaire, et lui donnai un
exemplaire de mon Autobiographie, ainsi que de la Nouvelle Préface
de Frank Harris à son livre (préface qui n'a pas encore été traduite
en français) où il rectifie le récit qu'il a donné de ma séparation
d'avec Wilde à Naples.
Je dois dire que Mme Delarue-Mardrus, après lecture des
documents que je lui communiquai, m'exprima tous ses regrets de
m'avoir représenté sous un faux jour et me donna sa parole de
préparer une nouvelle édition de son livre où elle rectifierait ses
erreurs et insérerait mes réponses aux accusations formulées
contre moi. Ma lettre de protestation et sa réponse, où elle dit que
la lecture de mes documents l'avaient « bouleversée », parurent
dans les Nouvelles Littéraires, en mars 1930. La nouvelle édition de
92