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Rue des Beaux-Arts n° 72 – Juillet/Août/Septembre 2020 dans « Pen, Pencil, and Poison ». Dans d'autres cas, ils dissimulent le secret du modèle comme le fait le portrait du modèle millionnaire dans la nouvelle éponyme ; ils sont enfin l'objet d'une passion délétère, à l'instar du tableau représentant Willie Hughes dans le Portrait of Mr. W.H., qui, de surcroît, se révélera être un faux. Ce que dit le portrait Le corps écrit : « The Model Millionaire » et The Picture of Dorian Gray L'intrigue de « The Model Millionaire » est simple : un peintre, Alan Trevor, fait le portrait d'un mendiant, « putting the finishing touches to a wonderful life-size picture of a beggar-man » 1 ; ce peintre a un ami, Hughie Erskine, qui est sur le point de se marier et qui prend le mendiant en pitié et lui donne de l'argent. A sa grande confusion, Hughie apprend plus tard que l'homme est un milliardaire qui désirait se faire portraiturer déguisé en misérable, ce qui rend grotesque l'obole du jeune homme, a posteriori rempli de honte. Le milliardaire, touché par sa générosité désintéressée, lui est néanmoins reconnaissant et lui fait don d'une somme considérable en guise de cadeau de mariage. Toute la nouvelle se fonde sur la question de l'illusion de la surface et des apparences : de la laideur cache une âme généreuse ; un pauvre cache un riche, un petit bienfait en annonce un plus grand encore, un portrait ne donne du sujet qu'il représente qu'une vérité partielle. On notera que ce 1 « The Model Millionaire », ibid., p. 210. 39