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Rue des Beaux-Arts n ° 80- Juillet – Août – Septembre 2022
offre des meubles qui avaient appartenu à ses parents , lesquels croupissaient , il est vrai dans une remise . Le Cluziat en garnit sa chambre personnelle , mais aussi le hall d ’ entrée de son établissement . Comment expliquer , de la part de Proust , cet acte blasphématoire , vis-à-vis de ses parents , qu ’ il adorait pourtant ? Céleste Albaret prétend que Proust fut ulcéré quand il apprit l ’ usage que Le Cluziat avait fait de ses meubles , et qu ’ il en fut écœuré . Mais la fidèle Céleste n ’ a jamais voulu rien croire des rumeurs scabreuses qui salissaient son grand homme . Elle le défendrait bec et ongles jusqu ’ à son dernier souffle .
Wilde avait également son Le Cluziat , même si leurs relations furent sensiblement différentes , et qu ’ il n ’ investît pas d ’ argent dans son affaire . Il s ’ appelait Alfred Taylor , et c ’ était un fils de bonne famille qui avait mal tourné . Il avait fait ses études à Marlborough College , un établissement huppé , et avait servi dans le 4 e bataillon des Royal Fusiliers , mais par la suite , disposant d ’ un capital de 45 000 £ hérités de son père , il avait décidé de renoncer à toute occupation et de s ’ abandonner à une vie de plaisirs . Il occupait un appartement parfumé , lourd de vapeurs d ’ encens , dans Little College Street , près de Westminster Abbey , où il louait des chambres à de jeunes gens du peuple qu ’ il présentait à de riches messieurs . Wilde était parmi ceux-là . Il semblerait qu ’ il ait été introduit dans la société de Taylor par Lord Alfred Douglas qui fréquentait déjà l ’ établissement . Wilde s ’ y rendit à plusieurs reprises et fit la connaissance des garçons qui devaient plus tard témoigner contre lui . D ’ après les dires de Wilde à son procès , c ’ est au Café Royal que Bosie lui aurait demandé s ’ il pouvait venir en aide à
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