Rue des Beaux-Arts n°69 – Octobre/Novembre/Décembre 2019
pour témoigner de la contribution personnelle de l’interprète et de la
valeur de l’interprétation artistique (CW 1131). Après avoir entendu
Wagner et Rubinstein, Wilde réalise que la musique est une expérience
extrêmement individuelle : elle est différente pour chaque auditeur.
Musique après 1895
À partir du 25 mai 1895, Wilde vécut en captivité. Dans sa lettre de
prison, il se compara à Marsyas, le mortel qui défia Apollon dans
un duel musical, le perdit et fut écorché vif par le dieu (CW 1039).
Outre De Profundis, des références à ce mythe reviennent dans The
Picture of Dorian Gray (CW 154), The Decay of Lying (CW 1087), The
Burden of Itys (CW 793) et “A Note on Some Modern Poets” dans
The Woman’s World (décembre 1888). De Profundis contient un
réservoir d’images musicales. Wilde parle de ses difficultés, mais
aussi des beaux éléments de la nature qui ont à la fois un pouvoir
de guérison et le pouvoir de transmettre la joie, tels que “the music
of daybreak and the silence of great nights” (CW 1020). Il est agacé
par le silence de Douglas pendant ses années de prison. La
musique est associée métaphoriquement aux jours heureux au
cours desquels Douglas a mené une vie remplie de joies: “[L]ike
yourself, live swiftly in happiness, and can hardly catch the gilt feet
of the days as they dance by, and are out of breath in the chase
after pleasure” (CW 1015). La musique est aussi une métaphore du
souvenir douloureux de l’amitié. C’est comme si la vie de Wilde était
“a real Symphony of Sorrow” (CW 991). L’image de la symphonie
précise ce qu’il cherche: “The Mystical Art, the Mystical in Life, the
Mystical in Nature – this is what I am looking for and in the great
41