Montréal pour Enfants vol. 24 n°4 / La rentrée 2024 | Page 7

Une question de nature et d ’ entourage
Les racines de l ’ affirmation de soi sont plus profondes encore : la recherche démontre que les enfants n ’ arrivent pas tous au monde avec un bagage biologique également propice à leur affirmation . Jean-Pascal Lemelin , professeur de psychoéducation à l ’ Université de Sherbrooke , rapporte que certains bébés naissants réagissent davantage aux stimuli , se révèlent plus téméraires et plus curieux que d ’ autres : « Certains enfants viennent au monde plus actifs sur le plan physique ; d ’ autres sont d ’ emblée plus enclins à prendre des risques ; d ’ autres encore se révèlent plus réservés ou plus timides . »
L ’ enfant tente aussi naturellement , quel que soit son tempérament , d ’ établir des liens – ce qui ne l ’ empêche pas d ’ entrer entre 12 et 36 mois dans la tristement célèbre « phase du non ». Dès lors , quand les parents réagissent aux sommations un peu maladroites , les effets de la génétique et de l ’ historique familial s ’ entremêlent . Devant un enfant qui s ’ exclame bruyamment , certains parents optent pour une attitude complice , d ’ autres pour une posture plus rigide , avec risques d ’ escalade .
De son côté , l ’ enfant plus introverti interpelle aussi ses parents de façon à moduler la réponse qu ’ il obtiendra d ’ eux , souligne Nancy Doyon , éducatrice spécialisée , autrice , coach et présidente de SOS Nancy , coaching familial : « Il aura tendance à moins explorer , à vouloir demeurer proche de l ’ adulte – voire dans ses bras –, parce que c ’ est rassurant pour lui . Si cet enfant a un parent protecteur et si , en plus , ce parent s ’ identifie assez facilement à son enfant , une relation de type fusionnel risque de s ’ installer entre eux . » Il peut alors en résulter une tendance à répondre aux besoins de l ’ enfant avant qu ’ il ne les exprime , ce qui peut renforcer la passivité de ce dernier .