Montréal pour Enfants vol. 24 n°2 / Printemps 2024 | Page 18

SOUS LA LOUPE DE NOS ENFANTS

L ’ entourage aimant a donc tout avantage à préserver cette flamme de l ’ enfant qui va vers tout ce qui l ’ attire , même si cet attrait débordant l ’ amène un peu trop souvent à se brûler les ailes ou à s ’ enflammer . L ’ entourage doit veiller sur l ’ enfant , sans consumer toute sa patience .
Rester un modèle de bienveillance
Pour réussir ses interventions , le premier conseil que donne Émilie Girard est de tout faire pour garder son calme , et demeurer disponible , même devant les cris et les pots cassés : « Si nous sommes nous-mêmes pris dans nos émotions , l ’ enfant va se sentir encore plus submergé , parce qu ’ il va devoir gérer nos émotions en plus des siennes . » La crise d ’ un parent lui apprend également qu ’ il s ’ agit là d ’ une réaction acceptable en cas d ’ exaspération .
De plus , ajoute Sophie Parent , lorsque l ’ enfant sent que le contrôle se perd , tant en lui qu ’ à l ’ extérieur de lui , ou encore , qu ’ il craint les conséquences de ce qui est en train de se passer , l ’ impulsivité s ’ installe alors dans un terrain fertile pour manifester davantage son emprise : « Cela va accentuer son émotion négative , ce qui amplifie l ’ impulsivité . Alors , il embarque dans une espèce de tourbillon qui n ’ est pas bénéfique . »
La partie visible de l ’ impulsivité est la tendance à réagir vivement . Guadalupe Puentes-Neuman affirme que lorsqu ’ un enfant ou même un adulte s ’ exprime par de grosses crises , celles-ci cachent souvent une bonne dose d ’ angoisse ou de détresse : « Ce que la recherche démontre , c ’ est qu ’ il est rare qu ’ un individu vive seulement les troubles extériorisés , sans avoir certains symptômes internalisés . »
Émilie Girard observe même , à ce propos , que des personnes qui ne naissent pas avec un tempérament impulsif ou , du moins , qui réussissent pour un temps à le réprimer , en viennent aussi à agir de façon incontrôlée , quand les mécanismes de gestion émotionnelle ne suffisent plus : « Parfois un enfant peut avoir l ’ air facile , mais c ’ est peut-être seulement parce qu ’ il se dissocie de ses émotions et qu ’ il est obligé d ’ agir comme cela pour rester fonctionnel dans son environnement . Donc , lorsqu ’ il arrive des choses traumatisantes dans son expérience de vie , des choses qui dépassent sa capacité à s ’ autoréguler , il risque de tomber dans un pôle où il est moins fonctionnel . »
Installer un cadre et éviter les accusations
Émile Girard affirme qu ’ il ne faut pas craindre d ’ imposer des limites à un enfant qui peine à se contrôler . Au contraire : « Parce que si je ne parviens pas à me maîtriser et que je sais que mes parents n ’ y parviennent pas non plus , qu ’ estce qu ’ il reste ? L ’ enfant se sent en danger . » Des règles claires , cohérentes et constantes , selon Sophie Parent , permettent à l ’ enfant de cibler l ’ espace où il se sent libre d ’ agir de façon sécuritaire : « Il y a un certain nombre de choses qui vont servir , je dirais , de colonne vertébrale à l ’ enfant pour qu ’ ensuite il soit capable de déterminer où est son carré de sable , à l ’ intérieur duquel il peut jouer et expérimenter des choses . »
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