L ’ enfant apprend graduellement à mieux utiliser ses réflexions pour se concentrer sur certaines choses et faire abstraction des autres . Cette capacité d ’ abstraction et l ’ imagination se retrouvent aussi bien dans tous les tempéraments . Ce qui manque parfois , chez les plus impulsifs , c ’ est le temps d ’ y faire appel avant de passer à l ’ action . Sophie Parent explique que chez les enfants plus prompts et dont les émotions sont plus intenses , la tâche d ’ autocontrôle s ’ avérera plus exigeante : « Ceux chez qui cette pulsion est très forte ont besoin d ’ un peu plus de maturité du cortex préfrontal et de plus d ’ aide de l ’ environnement . »
Un parcours encore plein de rebondissements
Sophie Parent précise que le manque de recul lors de l ’ évaluation des situations sociales complique aussi dans certains cas les relations sociales des jeunes impulsifs : « Ils vont donc peut-être tirer moins de leçons de ce qu ’ ils voient et donc être un peu moins habiles sur le plan social . Ils vont peut-être faire parfois des remarques blessantes , sans malice , parce qu ’ ils ne se rendent pas compte que ce genre de commentaire n ’ était pas une bonne idée , que cela faisait mal réagir les gens . »
Cette chercheuse a d ’ ailleurs pu observer des enfants qui , d ’ action en réaction , se sont retrouvés dans des situations qui se dégradaient : « Lorsqu ’ on a voulu faire un câlin ou donner une marque d ’ amitié et que l ’ on se fait repousser , ça fâche et on frappe . Donc , ça peut dégénérer rapidement . Il ne va pas nécessairement frapper tout de suite , mais il va repousser à son tour . Ils vont se dire des bêtises . »
Cette difficulté à prendre du recul fait que parfois , dans la recherche , l ’ impulsivité se retrouve souvent associée à la prise de risques accrue , à l ’ agressivité , au manque d ’ empathie , à la poursuite de plaisir plus immédiat et à la fréquentation de pairs déviants qui , eux aussi , convoitent ces plaisirs instantanés . L ’ impulsivité peut aussi mener à des comportements plus ciblés , comme la consommation de drogues , d ’ alcool ou des comportements compulsifs ( boire , manger , magasiner , etc .). Les experts rencontrés préviennent qu ’ il existe beaucoup d ’ actions à poser avant d ’ en arriver à ces extrêmes .
Émilie Girard , une psychologue scolaire dont la thèse de doctorat portait sur l ’ empathie , la mentalisation et les comportements prosociaux , assure qu ’ une propension à aller vers l ’ autre , à lui plaire , constitue déjà une bonne base pour éviter les parcours déviants . Et , d ’ après ses observations , ces enfants plus fonceurs , qui ont plus l ’ occasion de tomber , il est vrai , mais d ’ apprendre de leurs erreurs , peuvent même aller plus loin que les autres , s ’ ils sont soutenus dans leurs recherches de stratégies qui fonctionnent : « Cela peut demeurer de bonnes stratégies lorsqu ’ on est devenu adulte . Cela va faire des personnes créatives , des leaders , des personnes qui vont aller au-devant des autres et qui vont oser un peu sortir du cadre : ce sont toutes de bonnes habiletés . Il faut juste apprendre à les canaliser et à faire quelque chose de positif avec elles . »
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