Par contraste , l ’ écrasante majorité des enfants qui refusent ou résistent à la consigne d ’ aller se coucher ou de faire leurs devoirs ne sont pas « opposants » au sens clinique : ils expriment un besoin qui compte pour eux . Dans le cas du hockey ou d ’ une autre tentation , par exemple , un besoin de légèreté , de plaisir . Le besoin que la texture du quotidien , et tout le stress associé aux efforts herculéens qu ’ on leur a demandés en termes d ’ adaptabilité aux contraintes , fasse momentanément relâche . Un besoin de se rallier , de vivre un « ensemble » avec leur famille , leur équipe et tout le Québec .
Et lors de ces confrontations de priorités , qui s ’ oppose à qui ? Est-ce que les enfants s ’ opposent à une consigne qui tombe mal ou les parents s ’ opposent à un besoin fondamentalement valide ? Inutile de chercher un fautif : disons simplement que deux préoccupations ne s ’ arriment pas .
Le contraire de l ’ opposition n ’ est pas la docilité , mais la créativité . Que l ’ on soit adulte ou enfant , le manque d ’ imagination et la rigidité sont similaires , et ce , autant dans l ’ opposition que dans la docilité . On ne veut pas faire d ’ un enfant opposant un enfant docile , mais un enfant capable d ’ élan , d ’ engagement et de créativité . Aussi , cette flexibilité que l ’ on interpelle chez les enfants doit-elle trouver son inspiration chez les adultes .
Bref , l ’ issue ne se situe pas dans le « comment conquérir l ’ opposition », mais dans le « comment réconcilier de manière créative les besoins en cause » : comment À LA FOIS réussir à regarder le hockey ET être prêt pour l ’ école , avoir étudié , fait les devoirs et dormi ou récupéré sans accumuler de fatigue . À vous de faire aller votre machine à idées !
Si on travaille si fort à s ’ adapter aux difficultés , pourquoi ne mettrions-nous pas au moins autant de gymnastique à s ’ adapter aux opportunités de joie ?
Quant à l ’ argument de la rigueur scolaire , si vous me permettez de caricaturer un brin , à mes yeux il y a deux approches à l ’ apprentissage de l ’ engagement : une qui prône qu ’ on s ’ y astreigne religieusement , en se contraignant à suivre des routines et des contraintes rigides ; l ’ autre qui préfère qu ’ on la laisse respirer et se renouveler comme l ’ air d ’ un poumon , en l ’ alimentant de liberté pour gérer la productivité au gré des variables autant externes ( la nécessité d ’ étudier pour un examen , par exemple ) qu ’ internes ( l ’ énergie disponible ). Si les deux approches peuvent donner de bonnes performances académiques , la seconde est probablement plus agréable que la première , quoique cela dépende des personnalités . Elle est aussi plus propice à la gestion complexe et multifactorielle de la vie adulte . Se pousser avec une rigidité excessive peut nuire au développement psychologique de la personne qui n ’ apprend
8 psychologie www . montrealpourenfants . com