Montréal pour Enfants vol. 20 n°4 / La rentrée scolaire 2020 | Page 8

APPRENDRE À VIVRE AVEC DES LIMITES L’un des principaux défis de la vie est d’en subir les limites. Et, vous le constatez, elles sont nombreuses ! Les règles et les obligations sont légion, et de nouvelles limites peuvent apparaître du jour au lendemain. On n’a qu’à penser au port obligatoire du masque. Ainsi, une des façons de soutenir votre enfant dans le développement de sa résilience s’avère tout simplement de lui fixer des limites claires, pour qu’il apprenne à accepter celles-ci sainement. Certains parents craignent de brimer leur enfant en leur imposant de telles limites, ou de perdre du capital affectif, mais les limites sécurisent l’enfant et l’aident à s’adapter, petit à petit, au fait que la vie se situe toujours dans un cadre, qu’on le veuille ou non. Prenez le temps de déterminer le cadre familial dans lequel votre enfant évolue, et de le réajuster ou de le réévaluer au fur et à mesure que l’enfant grandit, puis tenez-vous-en à cela. Pas facile de rester cohérent et de répéter les règles en restant calme ou confiant ? Si vous avez peur de flancher, je vous donne le truc de l’eau de Javel. Ce produit bien utile pour blanchir la lessive est très toxique. Vous ne laisseriez pas votre enfant en prendre ne serait-ce qu’une gorgée, n’est-ce pas ? Et s’il insistait pour y goûter, que feriez-vous ? Vous continueriez de refuser, car vous savez pertinemment que c’est dangereux. Vous seriez probablement en mesure de lui dire calmement, car vous demeureriez inflexible dans votre esprit. Faites la même chose avec toutes les règles de base que vous avez choisies pour élever votre enfant (heure de coucher, alimentation, etc.). Gardez cette saine inflexibilité, et lorsque votre enfant veut dépasser la limite, répondez-lui comme s’il vous demandait de boire de l’eau de Javel : non, c’est non. Ce n’est pas négociable, c’est ainsi, inutile de s’insurger. Cette manière d’agir aidera votre enfant à devenir résilient. Cela dit, je tiens à préciser qu’accepter les limites ne veut pas dire être un mouton, mais plutôt avoir le sens critique pour distinguer quelles sont les limites saines pour la société, pour vous ou vos enfants, et celles qui n’ont pas leur raison d’être ou valent la peine d’être remises en question. Alors que votre enfant grandira, votre manière d’ajuster les règles ou de les réévaluer l’amènera à comprendre ce concept. En outre, briser les règles de temps à autre, à la demande de votre enfant, peut aussi lui apprendre à faire preuve de flexibilité dans la vie. Les normes ne doivent pas toujours passer au premier plan, mais elles ont leur raison d’être. Il faut donc trouver le juste équilibre. Par exemple, depuis leur 3e année du primaire, je permets à mes enfants de prendre une journée de congé par année, à un moment de leur choix (sauf s’il y a des évaluations, bien sûr). Je le fais aussi, en m’octroyant un ou quelques « congés préventifs », alors que je ne suis pas malade. J’adore ces congés, c’est en outre grâce à eux que je ne m’absente jamais du boulot pour cause de maladie, puisqu’ils m’aident à garder la forme. Mes enfants ont aussi beaucoup de plaisir à prendre le leur, ce qui leur permet d’écouter leurs envies, mais aussi d’apprendre à les gérer, car en choisissant un congé en septembre, le reste de l’année est long ! Ils exercent ainsi une certaine maîtrise sur leur vie, ce qui s’avère d’ailleurs le prochain élément à considérer pour favoriser la résilience. 8 mieux-vivre www.montrealpourenfants.com