Montréal pour Enfants vol. 19 n°5 Automne 2019 | Page 14

14 éducation www.montrealpourenfants.com « parent-client », qui exige la satisfaction de ses attentes et de ses propositions comme un droit, peut mener à des impasses. Par contre, Rollande Deslandes suggère que d’admettre sincèrement ses interrogations et partager ce qui fonctionne de part et d’autre peut faire avancer beaucoup plus efficacement le dialogue : « Parce que parfois, il y a des parents qui déclarent : “Je lui ai dit quoi faire, au professeur.” Mais ça, ça ne se dit pas comme ça. On peut plutôt proposer : “Avez-vous pensé à…?”, “Si on essayait cela…” Le parent peut même dire à l’enseignant : “Vous savez, moi, à la maison, j’ai essayé telles choses et il me semble que ça va mieux depuis que je fais ça. Pourrait-on essayer à l’école ?” Ça, je l’ai vu. J’ai aussi vu l’inverse : l’enseignant qui propose à un parent d’essayer quelque chose. L’enseignant n’a pas à s’immiscer dans la vie familiale. Mais lorsqu’il est question de réussite scolaire, il peut voir ce qui pourrait être fait pour que la situation s’améliore. » Il arrive que, malgré tout, certaines vues demeurent in- compatibles entre les parents et les professeurs. Avant de réagir trop promptement, chacun a néanmoins in- térêt à prendre un peu de recul pour voir s’il n’y au- rait pas un aspect très émotif dans tout cela. Outre les politiques de l’école et les techniques de gestion de classe, chacun a son histoire et ses fragilités. Il est donc fort probable que le retour à l’école, avec ses enfants, éveille quelques souvenirs attachants ou, au contraire, entrouvre quelques plaies que l’on n’a jamais vraiment su refermer. Voilà pourquoi, lorsque Camil Sanfaçon est appelé à intervenir parce que la tension monte, il rappelle à chacun que l’on n’exige pas d’eux qu’ils ressentent une sympathie réciproque ou développe une camaraderie, comme sur les bancs d’école. Il leur demande simple- ment d’ouvrir la porte à l’enfant, pour qu’il puisse se tailler de meilleurs souvenirs : « Moi, je me souviens avoir vu des impossibilités de s’entendre entre le parent et l’enseignant, parce qu’il y avait des incompatibilités de caractère. Le parent n’aimait pas le professeur, et vice versa. Il vient un moment où il faut faire avec, parce qu’il y a l’enfant dans tout ça. On ne peut pas laisser l’enfant payer pour le fait que l’on ne s’entend pas avec un autre adulte. » Merci à : Camil Sanfaçon, ancien enseignant, directeur d’école et maintenant formateur en éducation Lyne Guérin, élue sur le comité exécutif de la Fédération des comités de parents du Québec en tant que conseillère pour les régions de Montréal et de Laval Marie-Claude Béliveau, orthopédagogue et psychoéducatrice chez Centre psychopédagogique Le Déclic et Clinique TDAH Montréal Rollande Deslandes, chercheure et professeure émérite au département de l’éducation de l’Université du Québec à Trois-Rivières Pour en savoir plus : Pour les parents : Béliveau, Marie-Claude. Au retour de l’école, La place des parents dans l’apprentissage scolaire, 3e édition, coll. du CHU Sainte-Justine pour les parents, Montréal, Éditions Sainte-Justine, 2019. Et pour des conseils personnalisés et gratuits : http://www. fcpq.qc.ca/fr/services-conseils Pour les professionnels : Camil Sanfaçon. Complices dans la réussite, Pour une collaboration efficace avec les parents, coll. Didactique, Montréal, Éditions Chenelière Éducation, 2011. Pour approfondir la question : Gilles Pronovost, et coll. Familles et réussite éducative, actes du 10e symposium québécois de recherche sur la famille, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2010.