Montréal pour Enfants vol. 19 n°1 La relâche 2019 | Page 16
loisirs et culture
rapidement. Mais, pour Isabelle, la priorité est avant
tout de préserver des lieux où les enfants sont
acceptés comme spectateurs ou amateurs d’art à
part entière, même s’ils ne l’abordent pas comme les
adultes : « On leur permet de le vivre à leur mesure,
à leur façon. Je comprends que, dans un musée, il
ne faut pas toucher. Les enfants sont quand même
capables de comprendre un code d’éthique. Mais
on peut leur permettre de réagir et d’être ce qu’ils
sont : de pleurer s’ils en ont envie, de s’agiter, de
s’interroger. C’est hyper important de trouver un lieu
pour cela. »
Se mettre sur
un même pied,
à quelques pas
de la scène
En regardant leurs enfants réagir devant les
œuvres qui leur sont offertes, et en demander plus
dans certains cas, même sur des sujets difficiles,
Catherine et Isabelle réalisent de plus en plus à quel
point leurs enfants ont déjà la maturité qu’il faut, s’ils
sont bien encadrés, pour aller chercher ce qu’il leur
faut… et se protéger du reste.
Catherine admet quand même s’être interrogée
sur le fait de laisser Sofia céder à sa passion pour
les lectures d’histoires dramatiques, ou les thèmes
plus tabous, parfois abordés dans des romans pour
préadolescents. L’impression de ne pas être prête
l’a quelques fois amenée à fermer le livre, mais la
jeune fille a aussi persisté devant les thèmes ou les
auteurs qui ont su la toucher : « Michael Morpurgo
a fait un livre sur la Première Guerre mondiale. Ça
s’appelait Soldat Peaceful. À la fin, le soldat était
exécuté par sa propre armée. J’ai beaucoup pleuré.
Mais avec ses livres, j’ai beaucoup plus appris
qu’avec d’autres livres. »
Après avoir discuté avec elle, Catherine en est venue
à la conclusion que les livres ou les pièces de théâtre
jeunesse offrent parfois un respect du rythme
d’acceptation que l’Internet ou la vie quotidienne ne
permettent pas nécessairement : « Ces questions