Montréal pour Enfants vol. 19 n°1 La relâche 2019 | Page 13
Trouver les
mots pour
s’adresser aux
enfants
J’aurai beau répéter, avec conviction, que l’offre
montréalaise est fabuleuse et créatrice de moments
magiques, il n’en reste pas moins qu’en jouir exige
parfois un bel effort de mobilisation, notamment
pour Isabelle, la mère de Grégoire et d’autres
garçons plus vieux, provenant d’un patelin où l’offre
culturelle est nettement plus restreinte. Elle demeure
quand même à l’affût des propositions théâtrales
et muséales montréalaises, et leur aménage
systématiquement une place dans sa vie familiale,
entre l’école et les entraînements sportifs.
Mais chaque parent et chaque enfant m’évoque,
à sa manière, son rapport à l’art comme une suite
de moments qu’il est impossible d’oublier. On me
raconte des événements propices aux remises
en question, suscitant de nombreuses envies de
dialogue. Mais les attentes des enfants peuvent
s’avérer exigeantes pour Catherine. Sa fille Sofia,
déjà mordue de culture, le remarque des fois :
« J’aimerais surtout en parler avec ma mère, parce
qu’elle comprend toujours. Mais on en parle le matin,
quand elle est à moitié réveillée et qu’on va à l’arrêt
d’autobus. Donc, elle écoute à moitié. »
Malgré sa fatigue matinale, Catherine sent que l’art
lui permet d’ouvrir des portes, sans rien brusquer,
sur les interrogations de Sofia, et de Dahlia, plus
prompte à partager son avis : « Parfois, je ne sais pas
comment aborder certaines questions et je trouve
que l’art permet cela. Je vais aussi les encadrer
dans leur choix de livres ou de pièces de théâtre. »
Contrairement aux leçons de l’école ou aux
campagnes de sensibilisation, où l’on apprend aux
enfants « pourquoi il faut » faire ou savoir certaines
choses, l’art, qu’il se passe sur la scène, dans un
livre ou une exposition, invite les enfants à se révéler.
Isabelle est consciente qu’en accompagnant ses
fils, elle se retrouve aux premières loges pour voir
ses enfants réagir à ces réflexions et découvrir qui ils
sont : « Je ne suis pas du tout contre les campagnes
de sensibilisation, mais je pense quand même que