Montréal pour Enfants vol. 18 n°6 Hiver 2018 | Page 27

Dufresne croit plutôt que les parents devraient guider l’enfant pour l’aider à se sortir de la situa- tion embarrassante dans laquelle il est en train de s’enliser en lui proposant des solutions, comme celle de nommer plus adéquatement ses émo- tions : « On peut le faire en ayant un bon modèle comportemental, en renforçant la vérité et en lui proposant des pistes de solutions : “ Je sens que ce que tu me dis n’est pas conforme à ce qui est vrai. Est-ce que tu peux reprendre ton histoire? J’aimerais que tu me la racontes à nouveau, mais en mettant l’accent sur la vérité. Je te laisse une chance de changer ton discours. Montre-moi que tu es capable de dire la vérité. ” On montre ainsi que l’on reconnaît le mensonge, mais que l’on reconnaît aussi l’enfant dans son besoin de mentir. En même temps, on lui dit que ça ne passe pas. » L’important n’est pas tant de dénoncer le men- songe que d’aider l’enfant à comprendre les conséquences de son mensonge, ce que, d’après Solène Bourque, l’enfant peut comprendre dès 5 ou 6 ans: « On pourrait dire, pour ne pas l’ac- cuser, “ Tu aurais aimé que le jouet ne se retrouve pas dans ton sac. Maintenant, qu’est-ce qu’on fait avec ça? ” On peut aller dans la bienveillance. On n’a pas besoin de le confronter au fait que c’est un mensonge, mais on peut lui montrer les consé- quences de son geste, vis-à-vis de lui-même et vis-à-vis de la peine qu’il a pu faire aux autres, on peut lui expliquer que le degré de confiance va diminuer. ». Ainsi, le parent ne se place plus autant dans la position de celui qui juge, mais un peu plus dans celle de celui qui aide l’enfant à peser lui-même le pour et le contre. Ariane Hébert pense toutefois que l’enfant plus jeune a parfois besoin d’un petit coup de pouce pour reconnaître les émotions qui l’habitent et cheminer vers une solution plus acceptable : « Si je suis témoin d’un mensonge, la première chose que j’ai à faire est de le recadrer, de me demander quelle est l’intention du mensonge : “ Est-ce que tu es en train de mentir pour te rendre intéres- sant? ”. Donc on peut chercher “ Qu’est-ce qu’il y a dans ta vie, dans ta personne, qui est déjà très intéressant? ”, “ Est-ce que tu mens pour te sortir d’une situation difficile? Est-ce que c’est un désir? ” Si c’est un désir, on peut le nommer “ Tu aimerais vraiment avoir un chat. Mais en ce