Montréal pour Enfants vol. 18 n°6 Hiver 2018 | Page 25

Cet avis est partagé, également, par la psycho- logue Caroline Dufresne. D’ailleurs, pour cette der- nière, rien n’empêche le parent qui entre dans le jeu d’aider aussi son enfant à en tracer les limites : « L’enfant peut régler plusieurs conflits affectifs, émotionnels et socioaffectifs en laissant libre cours à sa fantaisie et à sa réalité. L’important, c’est que l’enfant puisse prendre conscience du moment qu’il vit dans la réalité collective, par comparaison avec les moments qu’il vit dans sa propre réalité, dans son propre monde. Le parent peut tout à fait embarquer, entrer dans le monde de jeux de son enfant. Il semble alors à l’enfant que le parent est vraiment disponible pour lui. On peut encadrer ce moment en disant “ Là, on va jouer à tout cela ”, mais lorsque c’est fini, on ne discute plus avec “ Princesse Marianne ”, on discute simplement avec Marianne. On peut dire : “On va laisser la princesse ici et on la retrouvera ce soir, après le souper, pour une autre période de jeux. ” » Beaucoup de fantaisie, un soutien sincère Avec le temps, l’équilibre entre la rêverie et le monde réel s’impose donc la plupart du temps d’elle-même et sans trop de heurts, et le père Noël, les lutins et l’ami imaginaire, responsable du vase cassé dans le salon, finissent sagement par être rangés au fond du vieux placard des rêves oubliés. Il en va de même pour beaucoup de mensonges, car l’enfant découvre qu’ils lui sont, en pratique, beaucoup moins bénéfiques que la réalité. Cette prise de conscience peut contribuer d’autant plus aux apprentissages des plus petits. Ils se tourneront alors plus spontanément vers la sincérité, surtout si elle est grandement valorisée par leur entourage. Pourtant, dès 6 ou 7 ans, les enfants deviennent plus aptes à l’empathie et sont capables d’anticiper la réaction des autres pour en tirer profit. Certains enfants manifestent alors beaucoup plus d’habileté que les autres à décoder les réactions non verbales de ceux qui les entourent et à maîtriser les leurs. D’après Solène Bourque, ceux qui persisteront dans le mensonge devront néanmoins savoir faire preuve d’une certaine ingéniosité : « Il faut une certaine habileté cognitive parce que l’enfant qui ment sur quelque chose ou, pire, qui se construit une vie, doit être très organisé. Il doit s’organiser pour donner la même version à tout le monde, mais en même