Cet avis est partagé, également, par la psycho-
logue Caroline Dufresne. D’ailleurs, pour cette der-
nière, rien n’empêche le parent qui entre dans le
jeu d’aider aussi son enfant à en tracer les limites :
« L’enfant peut régler plusieurs conflits affectifs,
émotionnels et socioaffectifs en laissant libre cours
à sa fantaisie et à sa réalité. L’important, c’est que
l’enfant puisse prendre conscience du moment
qu’il vit dans la réalité collective, par comparaison
avec les moments qu’il vit dans sa propre réalité,
dans son propre monde. Le parent peut tout à fait
embarquer, entrer dans le monde de jeux de son
enfant. Il semble alors à l’enfant que le parent est
vraiment disponible pour lui. On peut encadrer ce
moment en disant “ Là, on va jouer à tout cela ”,
mais lorsque c’est fini, on ne discute plus avec
“ Princesse Marianne ”, on discute simplement
avec Marianne. On peut dire : “On va laisser la
princesse ici et on la retrouvera ce soir, après le
souper, pour une autre période de jeux. ” »
Beaucoup de fantaisie,
un soutien sincère
Avec le temps, l’équilibre entre la rêverie et le
monde réel s’impose donc la plupart du temps
d’elle-même et sans trop de heurts, et le père Noël,
les lutins et l’ami imaginaire, responsable du vase
cassé dans le salon, finissent sagement par être
rangés au fond du vieux placard des rêves oubliés.
Il en va de même pour beaucoup de mensonges,
car l’enfant découvre qu’ils lui sont, en pratique,
beaucoup moins bénéfiques que la réalité.
Cette prise de conscience peut contribuer
d’autant plus aux apprentissages des plus petits.
Ils se tourneront alors plus spontanément vers la
sincérité, surtout si elle est grandement valorisée
par leur entourage. Pourtant, dès 6 ou 7 ans, les
enfants deviennent plus aptes à l’empathie et
sont capables d’anticiper la réaction des autres
pour en tirer profit. Certains enfants manifestent
alors beaucoup plus d’habileté que les autres à
décoder les réactions non verbales de ceux qui les
entourent et à maîtriser les leurs. D’après Solène
Bourque, ceux qui persisteront dans le mensonge
devront néanmoins savoir faire preuve d’une
certaine ingéniosité : « Il faut une certaine habileté
cognitive parce que l’enfant qui ment sur quelque
chose ou, pire, qui se construit une vie, doit être
très organisé. Il doit s’organiser pour donner la
même version à tout le monde, mais en même