familles, de les aider à reconnecter avec le plaisir ou l’ émerveillement: « C’ est aussi une de nos responsabilités que de pouvoir entendre dans la voix des parents, de voir dans leurs yeux la présence de ces moments précieux pour que, dans leurs relations avec leur entourage et avec les professionnels, ils puissent ressentir que cela fait partie des choses qui sont importantes. » Et cette réalité tend d’ ailleurs à se confirmer dans les recherches actuelles, et à transparaître dans ce qu’ il a pu observer auprès de frères et de sœurs qui sont ressortis plus autonomes et unis d’ une telle expérience. Plusieurs y trouvent même une vocation: « Par exemple, il y avait une femme, dans la trentaine, qui me disait: " Les choses que je vous dis, à propos de mon frère qui avait une déficience intellectuelle importante, je les comprends maintenant. Mais quand j’ étais adolescente, c’ était l’ enfer. Jamais je n’ aurais pu être en mesure de vous dire ces choses-là. C’ est après avoir pris du recul et m’ être sortie, jusqu’ à un certain point, du cercle familial pour pouvoir organiser ma vie, que je me suis rendu compte que dans la manière dont je me suis mise à organiser ma vie, mon frère était là." »
Marc Lanovaz ajoute que l’ acceptation des parents eux-mêmes se révèle souvent être le premier repère des enfants sur cette voie de l’ ouverture à la différence; mais cette acceptation suppose aussi que les parents parviennent à admettre que cet état de fait peut causer des frustrations chez les autres enfants de la famille: « La meilleure attitude pour un parent, c’ est de ne pas critiquer l’ enfant, quelles que soient ses opinions. Même les enfants qui ont un frère ou une sœur typique vont dire, un jour ou l’ autre:“ J’ aurais préféré ne pas avoir de frère ou de sœur, ma vie serait plus facile!" Il ne faut pas réagir avec de la colère. Il est préférable de dire: " Je comprends que c’ est comme cela en ce moment." Alors l’ enfant se sentira plus à l’ aise, lors des moments difficiles, pour dire la vérité et pas seulement ce que le parent veut entendre. »
« Accepter » est aussi le mot d’ ordre par lequel ont dû passer plusieurs frères et sœurs qu’ a rencontrés Véronique Richard, qui sont finalement les meilleurs alliés de ceux qui, dans la famille, ont démontré plus d’ aptitude qu’ eux pour les performances de haut niveau: « Je me souviens d’ un cas où une grande sœur n’ avait pas connu le même succès que sa plus jeune sœur, mais la grande est devenue entraîneur. Elle donnait beaucoup de conseils à la plus jeune et il y avait toujours du respect et de l’ acceptation des rôles. La grande sœur se sentait super valorisée de pouvoir donner des conseils techniques à sa petite sœur et de mieux comprendre la natation: peut-être pas d’ être capable d’ exécuter, mais d’ en parler! »
Une ancienne patineuse d’ élite a été confrontée au choix de ses parents de limiter leur investissement financier dans sa passion, ce qui a obligé la jeune Véronique à plus de sacrifices que les autres patineuses: « J’ ai appris que lorsque tu veux quelque chose, tu dois travailler pour l’ avoir. Je dirais que c’ est pour cela que je fais ce métier-là aujourd’ hui. Cela m’ est arrivé vraiment souvent de rencontrer une athlète qui a peu de ressources financières, mais je sais qu’ elle a besoin d’ aide au niveau de la préparation mentale. Je vais ajuster mes prix. J’ ai cette conscience du prix que cela peut coûter. C’ est aussi comme ça que tu développes ta détermination: je considère que je n’ ai pas fait un doctorat par intelligence, mais par détermination. C’ est quelque chose que mes parents ont développé sans nécessairement s’ en rendre compte, mais le fait qu’ ils aient respecté leurs valeurs à eux m’ a amené à développer mes propres habiletés. »
Merci à
Carl Lacharité, professeur et chercheur au département de psychologie de l’ Université du Québec à Trois-Rivières Carl. Lacharite @ uqtr. ca
Marc Lanovaz, professeur en psychoéducation à l’ Université de Montréal et chercheur au CHU Sainte-Justine www. labrl. org
Christiane Trottier, professeure et chercheuse en psychologie du sport à l’ Université Laval et intervenante en préparation mentale auprès des athlètes depuis une dizaine d’ années christiane. trottier @ fse. ulaval. ca
Jean-François Bureau, professeur en psychologie à l’ Université d’ Ottawa sciencessociales. uottawa. ca / lree / apropos / membres / directeur
Robert Dubreuil, directeur général de la Fédération de patinage de vitesse du Québec, ancien athlète et père d’ athlètes en patinage de vitesse www. fpvq. org
Véronique Richard, consultante en préparation mentale à l’ Institut national du sport du Québec et au Cirque du Soleil ici. radio-canada. ca / nouvelle / 791808 / jeux-olympiques-rio-athletes-preparation-psychologique