Montréal pour Enfants vol. 18 n°3 Été 2018 | Page 35

« Lorsqu’ un enfant attire beaucoup l’ attention, un petit frère autiste par exemple, souvent les frères et les sœurs risquent d’ être oubliés et donc de ne pas se sentir dans le coup, de se sentir moins importants ou mis de côté. De sorte que si ces enfants veulent s’ isoler encore plus, c’ est comme s’ ils appliquaient une solution qui, en fait, constitue le problème », affirme Carl Lacharité, professeur au département de psychologie de l’ Université du Québec à Trois-Rivières. Il est pourtant loin de croire que cette quête d’ un équilibre soit un défi réservé aux familles ayant un profil particulier.
L’ ÉGALITÉ, UN DÉFI À GÉOMÉTRIE VARIABLE
À l’ autre extrême, Véronique Richard, consultante en préparation mentale à l’ Institut national du sport du Québec, rencontre tous les jours des jeunes et de jeunes adultes qui pratiquent des sports à des niveaux d’ élite dès 8 ou 10 ans. Afin de suivre leur athlète et d’ assurer le rythme de leur ascension, il n’ est pas rare qu’ elle voie les parents hypothéquer leur maison ou même déménager, avec toute leur famille, et l’ un des parents s’ investir intensément dans le sport. De telles décisions parentales, pour un enfant qui doit s’ entraîner jusqu’ à 30 heures par semaine, n’ en mettent pas moins une pression de taille sur les petites épaules des jeunes qui doivent défendre leur statut d’ élite. Madame Richard essaie alors d’ expliquer à ces jeunes athlètes qu’ ils ne doivent pas se sentir responsables de ces choix, qui ne sont pas toujours faits dans un climat de sérénité: « Parfois il y a des parents séparés, et tandis que l’ un est très impliqué dans l’ activité de ses enfants, l’ autre va dire: " C’ est ta mère qui veut que tu fasses du patin, alors moi je ne paie pas pour ça." Mais là, il y a la mère qui dit: " Non, le patin cela coûte vraiment cher!" Alors on se retrouve devant le juge. »
Marc Lanovaz, professeur en psychoéducation à l’ Université de Montréal, observe que les parents avec un enfant vivant des problématiques particulières doivent également affronter ce genre de dilemme: « Surtout à Montréal, il y a des listes d’ attente absolument monstrueuses. Il faut parfois patienter 18 mois pour un diagnostic précoce. Mais au privé, cela peut être très cher et coûter entre 20 000 $ et 60 000 $ par année. Donc, certains parents vont hypothéquer leur maison et dire: