Montréal pour Enfants vol. 18 n°2 Printemps 2018 | Page 8

8 santé www.montrealpourenfants.com des perturbateurs endocriniens, des composés qui vont altérer la synthèse, le transport ou l’extraction des hormones naturelles ; donc, cela aussi, chez les bébés et les enfants, peut être inquiétant. Cela peut agir sur à peu près n’importe quoi parce qu’il y a plusieurs sortes d’hormones et elles ont toutes des fonctions différentes. Par exemple, les hormones thyroïdiennes chez le fœtus et le bébé vont être impliquées dans le développement du cerveau, alors que les hormones sexuelles, comme l’œstrogène et la progestérone, seront impliquées évidemment dans le développement de caractères sexuels durant la puberté » explique Élyse Caron-Beaudoin, de l’Institut de recherche en santé publique de l’Université de Montréal. Mais les perturbateurs endocriniens ne sont pas les seuls éléments sous la loupe de chercheurs qui se penchent sur les effets des contaminants environnementaux sur la santé des jeunes humains : « Il y a un consensus maintenant selon lequel durant les deux premières années de la vie, ce n’est pas la génétique qui détermine le système immunitaire : c’est vraiment le contact avec l’environnement. Ensuite, on vit avec cela le reste de notre vie  : nos allergies, nos réactions d’hyperréactivité ou d’hyporéactivité  ; et cela sera à l’origine d’autres problèmes de santé. Par exemple, le système immunitaire est important pour nous protéger contre le cancer plus tard dans la vie  » rapporte la professeure Larissa Takser, du département de pédiatrie de l’Université de Sherbrooke. D’autres études européennes soulignent de plus en plus, aussi, les liens possibles entre les contaminants environnementaux et les troubles envahissants du développement, tandis que leur impact sur le développement intellectuel est maintenant dûment reconnu  : «  Il existe des études épidémiologiques québécoises qui démontrent qu’une exposition aux pesticides organophosphorés pendant le début de la vie a un impact sur le quotient intellectuel un peu plus tard » précise même Élyse Caron-Beaudoin. Et si l’ensemble des chercheurs s’entendent sur le fait qu’il faut se méfier davantage des contaminants reliés à nos habitudes quotidiennes qu’à des consommations occasionnelles, force est de constater que la confrontation répétée du corps à un élément jugé nocif pour la santé est parfois difficilement évitable : « Le marché est assez homogène. Ce sont les mêmes pesticides qui sont utilisés à peu près partout en Amérique du Nord. On ne retrouve pas sur notre marché des produits importés d’Angleterre ou de France en assez grande quantité pour faire une différence » affirme Larissa Takser. En plus des pesticides ou d’antibiotiques, inclus volontairement dans la démarche agricole, on trouve d’autres contaminants qui viennent néanmoins poser d’autres défis pour la santé, que ce soit à travers la contamination de l’air ou de l’eau  : «  Il y en a sur le téléphone auquel mon oreille est collée, sur mon ordinateur ; il y a plein de retardateurs de flamme et de plastifiants partout. Dans l’alimentation, on peut réduire les concentrations, mais l’agriculteur qui a une culture biologique, qui n’utilise pas de pesticides, mais des insectes pour manger les parasites (ce n’est pas évident, mais ça existe  !), il n’a pas le contrôle de l’eau, dans laquelle on retrouve des antibiotiques et des pesticides » affirme Dave Saint-Amour.